POUR DES VILLAGEOIS QUE L’ON EMPÊCHE DE DANSER

« Les gendarmes se sont multipliés en France, bien plus encore que les violons, quoique moins nécessaires pour la danse. Nous nous en passerions aux fêtes du village, et à dire vrai, ce n’est pas nous qui les demandons : mais le gouvernement est partout aujourd’hui, et cette ubiquité[1] s’étend jusqu’à nos danses, où il ne se fait pas un pas dont le préfet ne veuille être informé, pour en rendre compte au ministre ; de savoir à qui tant de soins sont plus déplaisants, plus à charge, et qui en souffre davantage, des gouvernants ou des gouvernés, surveillés, c’est une grande question et curieuse, mais que je laisse à part, de peur de me brouiller avec les classes ou de dire quelque mot tendant à je ne sais quoi[2]. »

Quelque lectrice ou lecteur assidu·e d’Antiopées se souviendra peut-être de Paul-Louis Courier, que j’aime beaucoup lire et dont j’avais déjà utilisé un article voici quelques années à propos d’une réunion des sinistres européens de l’agriculture au château de Chambord. (On peut le lire par ici – et l’on y trouvera aussi quelques références utiles que j’éviterai de redonner ci-après). Figurez-vous que monsieur le maire de F*, dont je préfère oublier le nom, vient de faire appel à madame la préfète de notre département du sud-est de la France afin qu’elle veuille bien interdire à ses concitoyens de festoyer gentiment sur la place publique de F*, le lundi matin, jour de marché. Or il se trouve que ce cher Paul-Louis s’était déjà mis en rogne, dans son style inimitable, contre une décision du même tonneau. J’ai donc ressorti son texte, daté de 1822 mais dont on verra qu’il n’est pas sans intérêt dans le contexte actuel. Enfin, son texte, c’est beaucoup dire : quelques extraits seulement. Bien sûr il faut l’adapter un peu. Je ne le fais pas directement, mais je mets des mots ou des passages entre crochets, dont je donne en notes une ou des variantes possibles ici et maintenant. À l’intention de celles et ceux qui, comme moi, kifferaient ce ton et cette langue superbe, je publie aussi l’intégralité du texte, tel quel – c’est par ici.

 PÉTITION [À LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS[3]], POUR DES VILLAGEOIS

QUE L’ON EMPÊCHE DE DANSER [1822[4]]

[Messieurs[5]],

L’objet de ma demande est plus important qu’il ne semble ; car bien qu’il ne s’agisse, au vrai, que de danse et d’amusements, comme d’une part ces amusements sont ceux du peuple, et que rien de ce qui le touche ne vous peut être indifférent ; que d’autre part, [la religion[6]] s’y trouve intéressée, ou compromise, pour mieux dire, par un zèle mal entendu, je pense, quelque peu d’accord qu’il puisse y avoir entre vous, que tous vous jugerez ma requête digne de votre attention.

Je demande qu’il soit permis, comme par le passé, aux habitants [d’Azai[7]] de danser le [dimanche[8]] sur la place de leur commune, et que toutes les défenses faites, à cet égard, par [le préfet[9]], soient annulées.

Nous y sommes intéressés, nous, gens de [Véretz], qui allons aux fêtes [d’Azai], comme ceux [d’Azai[10]] viennent aux nôtres. La distance des deux clochers n’est que d’une demi-lieue environ : nous n’avons point de plus proches ni de meilleurs voisins. Eux ici, nous chez eux, on se traite tour à tour, on se divertit le [dimanche, on danse sur la place, après-midi, les jours d’été. Après midi viennent les violons et les gendarmes en même temps[11]], sur quoi j’ai deux remarques à faire.

Nous dansons au son du violon ; mais ce n’est que depuis une certaine époque. Le violon était réservé jadis aux bals des honnêtes gens. Car d’abord il fut rare en France. Le grand roi fit venir des violons d’Italie, et en eut une compagnie pour faire danser sa cour gravement, noblement, les cavaliers en perruque noire, les dames en vertugadin. Le peuple payait ces violons, mais ne s’en servait pas, dansait peu, quelquefois au son de la musette ou cornemuse, témoin ce refrain : Voici le pèlerin jouant de sa musette ; danse Guillot, saute Perrette. Nous, les neveux de ces Guillots et de ces Perrettes, quittant les façons de nos pères, nous dansons au son du violon, comme la cour de Louis-le-Grand. Quand je dis comme, je m’entends ; nous ne dansons pas gravement ni ne menons, avec nos femmes, nos maîtresses et nos bâtards. C’est là ma première remarque ; l’autre, la voici.

Les gendarmes se sont multipliés en France[12], bien plus encore que les violons, quoique moins nécessaires pour la danse. Nous nous en passerions aux fêtes du village, et à dire vrai, ce n’est pas nous qui les demandons : mais le gouvernement est partout aujourd’hui, et cette ubiquité[13] s’étend jusqu’à nos danses, où il ne se fait pas un pas dont le préfet ne veuille être informé, pour en rendre compte au ministre ; de savoir à qui tant de soins sont plus déplaisants, plus à charge, et qui en souffre davantage, des gouvernants ou des gouvernés, surveillés, c’est une grande question et curieuse, mais que je laisse à part, de peur de me brouiller avec les classes ou de dire quelque mot tendant à je ne sais quoi.

Outre ces danses ordinaires les dimanches et fêtes, il y a ce qu’on nomme [l’assemblée une fois l’an[14]], dans chaque commune, qui reçoit à son tour les autres. Grande affluence ce jour-là, grande joie pour les jeunes gens. […] La place [d’Azai[15]] semble faite exprès pour cela ; située au centre de la commune, […] propre à toutes sortes de jeux et d’exercices, entourée de boutiques, à portée des hôtelleries, des cabarets ; car peu de marchés se font sans boire ; peu de contredanses se terminent sans vider quelque pot de bière ; nul désordre, jamais l’ombre d’une querelle. C’est l’admiration des Anglais qui nous viennent voir quelquefois, et ne peuvent quasi comprendre que nos fêtes populaires se passent avec tant de tranquillité sans coup de poings comme chez eux, sans meurtres comme en Italie, sans ivres-morts comme en Allemagne[16].

Le peuple est [sage], quoi qu’en disent les Notes secrètes[17].

Nous travaillons trop pour avoir temps de penser à mal, et s’il est vrai ce mot ancien, que tout vice naît d’oisiveté, nous devons être exempts de vice, occupés comme nous le sommes six jours de la semaine, sans relâche, et bonne part du septième, chose que blâment quelques-uns. Ils ont raison, et je voudrais que ce jour-là toute besogne cessât ; […]

Les fêtes [d’Azai[18]] étaient célèbres, entre toutes celles de nos villages, attiraient un concours de monde des champs, des communes d’alentour. En effet, depuis que les garçons, dans ce pays, font danser les filles, c’est-à-dire depuis le temps que nous commençâmes d’être à nous[19], paysans des rives [du Cher[20]], la place [d’Azai[21]] fut toujours notre rendez-vous de préférence pour la danse et pour les affaires. Nous y dansions comme avaient fait nos pères et nos mères, sans que jamais aucun scandale, aucune plainte en fût avenue, de mémoire d’homme, et ne pensions guère, sages comme nous sommes, ne causant aucun trouble, devoir être troublés dans l’exercice de ce droit antique, légitime, acquis et consacré par un si long usage, fondé sur les premières lois de la raison et du bon sens ; car apparemment, c’est chez soi qu’on a droit de danser, et où le public sera-t-il chez lui, sinon sur la place publique[22] ? On nous en chasse néanmoins ; un firman[23] [du préfet], qu’il appelle [arrêté, naguère publié[24]], proclamé [au son du tambour[25]], Considérant etc., défend de danser [à l’avenir[26]], ni jouer [à la boule ou aux quilles[27]], sur [ladite place[28]], et ce, sous peine de punition. Où dansera-t-on ? nulle part ; il ne faut point danser du tout ; cela n’est pas dit clairement dans l’arrêté de [M. le préfet[29]] ; mais c’est un article secret entre lui [et d’autres puissances[30]], comme il a bien paru depuis. […]

Puis, que faisons-nous de mal, quand nous ne faisons pas bien, quand nous ne travaillons pas ? Nos délassements, nos jeux, les jours de fêtes, n’ont rien de blâmable en eux-mêmes ni par aucune circonstance. Car ce qu’on allègue au sujet de la place [d’Azai[31]], pour nous empêcher d’y danser ; cette place est devant [l’église[32]], dit-on ; danser là, c’est danser devant [Dieu[33]], c’est l’offenser ; et depuis quand ? Nos pères y dansaient, plus [dévots[34]] que nous, à ce qu’on nous dit. Nous y avons dansé après eux ; […]

Partant, vous déciderez, Messieurs, s’il ne serait pas convenable de nous rétablir dans le droit de danser comme auparavant, sur la place [d’Azai[35]], les [dimanches[36]] et fêtes […].

[Véretz, 15 juillet 1822[37]]

[1] Ici, c’est Paul-Louis qui souligne (cf. p. 258 du tome 1 l’édition des Œuvres complètes en ligne sur Gallica).

[2] Extrait de la « Pétition aux députés… »

[3] Ce texte ne fut jamais remis aux députés. Par contre, il valut à Paul-Louis d’être poursuivi pour outrages à la morale publique et religieuse, outrage au curé d’Azay et atteinte à la dignité royale. Fort heureusement pour lui, il ne comparut pas devant une Cour d’assises, comme cela avait été le cas lors de la publication du « Simple discours… » (cf. ici mon article précédent), laquelle l’avait condamné à deux mois de prison et 200 francs d’amende. Mais cette fois, le tribunal de la Seine l’acquitta, estimant que les délits poursuivis n’étaient pas constitués. Aujourd’hui, je dois à la vérité de dire que je n’adresserais jamais une pétition au Parlement, d’abord parce que je suis sceptique quant à l’efficace des pétitions en général, ensuite parce que je considère cette assemblée comme une simple chambre d’enregistrement des décisions de l’apprenti despote qui nous sert de Président – et encore ne lui soumet-il ses diktats que lorsque tel est son bon plaisir.

[4] Ici, on aura compris que je joue sur la ressemblance d’une situation particulière de 2021 avec celle de 1822, en pleine Restauration, dénoncée par Paul-Louis. Considérant le contexte institutionnel et politique dans lequel elle s’inscrit, je rappellerai que le susdit Président ne s’est jamais gêné pour s’afficher nostalgique de la monarchie, en allant rendre hommage aux rois défunts à la basilique de Saint-Denis ou en tenant à plusieurs reprises des propos troublants sur la royauté, comme ceux-ci, lors d’un entretien avec l’hebdo Le 1, en juillet 2015 : « Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d’y placer d’autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l’espace. On le voit bien avec l’interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général de Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au cœur de la vie politique. Pourtant, ce qu’ON attend du président de la République, c’est qu’il occupe cette fonction. Tout s’est construit sur ce malentendu. » ON toi-même, dirais-je.

[5] Ah la la ! Ces temps barbares où les femmes n’étaient pas les égales des hommes ! Aujourd’hui, il est bien sûr de rigueur de compléter cette adresse par « Mesdames », même si l’ON se contrefout de la condition réelle des femmes (ici je ne donnerai pas de références, chacun·e voit bien de quoi je parle, non ?

[6] Dans la suite de son texte, Paul-Louis ferraille contre « l’Église militante » qui avait repris du poil de la bête à la faveur de la Restauration et traquait les moindres écarts de ses ouailles. Aujourd’hui, on pourrait remplacer « religion » par « République », liberté », « santé publique », au choix.

[7] De F*, bien sûr.

[8] Lundi, plutôt. Bon, je vous explique : ce jour-là se tient à F* un marché assez couru par les gens de la région, et même, au-delà, par les touristes français et étrangers – du nord de l’Europe, surtout, mais il n’est plus rare d’y croiser désormais des Chinois ou des Russes, tant ce marché a été « folklorisé », grâce entre autres à une médiatisation toujours entretenue par les municipalités successives – il a eu droit ainsi aux honneurs de divers journaux télévisés et de magazines de la presse écrite, jusques et y compris certain grand quotidien du soir et néanmoins de référence, si, si ! Or, le lundi, c’est le jour qu’avaient choisi quelques trublions pour inaugurer, voici quelques semaines, un « Café des libertés », au départ en solidarité avec les restaurateurs qui n’en pouvaient mais des fermetures imposées par l’état d’urgence sanitaire que notre Premier ministre vient paraît-il de prolonger jusqu’à j’ai oublié quand… Une bonne centaine de personnes avaient répondu à l’appel et, depuis, se réunissaient chaque lundi sur une place non occupée par les marchands forains, tout à la fois près et un peu à l’écart du marché. Les agapes (repas, boissons, et très vite musique et chansons) se prolongeaient dans le calme et la bonne humeur jusqu’en début d’après-midi, le tout sous les regards torves de la maréchaussée en bleu et en tenue de ville, maréchaussée abondamment pourvue d’appareils photos… Et puis, patatras, voilà que le maire (dont je veux oublier le nom) s’en mêle. Il s’insurge contre ce « rassemblement non autorisé » qui ne respecte pas les « gestes barrières » et, dans un irrésistible élan d’indignation et de courage civiques mêlés, il fait appel à madame la préfète afin qu’elle interdise la chose. Le lundi suivant – le 15 mars, donc –, se rendant comme les semaines précédentes à leur point de rendez-vous, les mangeurs, buveuses, chanteurs et autres poétesses le trouvent cerclé, non pas de gestes, mais de méchantes barrières de ferraille surveillées par force pandores qui en interdisent l’accès. Qu’à cela ne tienne ! ielles se « replient »… sur la place principale, entre concathédrale, (oui, typo : « con », on ne fait pas les choses à moitié, par ici !) et hôtel de ville, bref la très fameuse place du B*.

[9] Aujourd’hui c’est une préfète. Mais l’affaire semble plus compliquée : en effet, comme, du temps de Paul-Louis, toutes danses et autres réjouissances avaient été interdites les jours de messe sur tout le territoire du royaume restauré (« à Charte », d’accord, mais il ne fallait point trop en demander), ledit état d’urgence interdit tout rassemblement sur la voie publique – et même tout rassemblement tout court. (Foutre ! aurait fulminé le Père Duchesne, nous voilà propres !) Ce que la gente préfète, dont on prétend dans le pays qu’elle ne goûte guère les façons rustres de l’édile (on dit même qu’ils auraient eu « des mots », tous les deux), lequel, c’est avéré, est un vrai mufle, lorsqu’il la sollicita en prenant soin de médiatiser la chose via le torche-cul, pardon le quotidien régional, le renvoya à ses chères études (de droit public, en l’occurrence) en lui signifiant qu’elle n’avait pas à interdire un rassemblement qui l’était déjà… Nous avons bien rigolé, à F* et alentour, quand nous avons appris cela : ce butor, qui s’était imaginé jouer un coup de billard à trois bandes en gênant la préfète (qu’il n’aime pas), en se ralliant les rabat-joie, pisse-vinaigre et autres faces de carême (c’est la saison) et finalement en réprimant les indociles, se retrouvait Gros-jean comme devant.

[10] F* et, mettons R*, bourg voisin de F*, à un peu plus d’une demi-lieue, toutefois, mais c’est égal, avec les moyens de transport contemporains.

[11] Bon, je ne vous la refais pas trop longue, hein : c’était donc un lundi, le 15 mars, et la festive sédition s’était transportée devant la mairie, où l’on dansa jusqu’en début d’après-midi. Las, les gendarmes avaient suivi… et prirent force photographies, à la suite de quoi un certain nombre de danseuses et de danseurs, qui à aucun moment n’avaient été directement interpellés ni contrôlés, reçurent à domicile des procès-verbaux de contravention : je dis bien des, puisque dans tous les cas venus à ma connaissance, les PV sont arrivés par deux, bras dessus, bras dessous : et 135 euros pour défaut de port du masque, et 135 euros pour participation à un rassemblement interdit – une de r’vin, une de r’va, qu’on disait quand j’étais petit. Le malappris de la mairie a eu son content, semble-t-il. Ah, j’oubliais : ce faux-cul avait invité le lendemain (mardi 16 mars) une délégation de danseureuses à venir le visiter en son hôtel afin de les assurer de sa compréhension et de leur proposer de s’en aller danser, la prochaine fois, sur un  terrain bien loin du centre ville… C’était évidemment avant que les PV soient parvenus à leurs destinataires. Ielles ont dû être vénères. Ça leur apprendra à parler avec ce fourbe.

[12] Et ils continuent, peuchère !

[13] Ici, c’est Paul-Louis qui souligne (cf. p. 258 du tome 1 de l’édition des Œuvres complètes en ligne sur Gallica). Il faudrait ajouter que notre temps a multiplié les moyens techniques de cette ubiquité, jusque dans nos arrière-pays ; à preuve ces procès-verbaux reçus à la maison par les danseureuses : c’est-y pas de la reconnaissance faciale, ça ? C’est d’ailleurs cohérent avec la thématique sécuritaire de l’édile objet de notre ressentiment, lequel a fait campagne, entre autres, sur des projets de vidéosurveillance (qu’il appelle bien sûr « vidéoprotection », comme si ça pouvait nous protéger de quoi que ce soit) et d’application destinée à dénoncer les « incivilités » (et les voisins voisines qu’on n’aime pas par la même occasion).

[14] Ici, le marché hebdomadaire. Il fut un temps où il durait toute la journée – et où ça rigolait plus, ce me semble. Les ceusses qu’avaient un peu trop pochtronné, une fois hissés sur leur charrette, étaient ramenés par leur cheval, ou leur mule, qui connaissait le chemin. Ah, les marchés d’antan ! Les anciens en parlaient avec un léger trémolo dans la voix, mais ils ont disparu, et leurs souvenirs avec eux.

[15] De F*. Non je ne vous dirai pas le nom.

[16] Je ne sais trop d’où Paul-Louis tire ces informations, ni même si ce sont des informations… Mettons qu’il joue sur une certaine animosité de ses compatriotes envers des puissances étrangères qui ont occupé le territoire français après la défaite de Waterloo.

[17] Paul-Louis fait ici allusion aux notes des ultra-royalistes aux puissances alliées (entendre la coalition contre-révolutionnaire des monarchies européennes). En 1818, ceux-ci en avaient pondu une qui avait fait grand bruit, sinon scandale, s’adressant au Congrès d’Aix-la-Chapelle (soit les puissances occupantes) afin de lui demander de conditionner le retrait des troupes étrangères du territoire français au renvoi, par le roi Louis XVIII, du ministère Decazes, jugé par eux trop « libéral ». Élie Louis Decazes, fait d’abord comte par son souverain Louis, puis, grâce à une alliance matrimoniale aux ramifications assez complexes sur lesquelles je ne m’étendrai pas ici, duc de Glücksbierg par le roi Frédéric VI de Danemark et enfin duc Decazes, de nouveau par son roi qui ne pouvait pas faire moins, Decazes, donc, maître de forges et des mines de… Decazeville (Aveyron), bien sûr, était pourtant peu suspect de sympathies bonapartistes, encore moins républicaines. Lors des Cent-Jours, il avait fait le bon choix, restant fidèle aux Bourbons fraîchement « restaurés » et refusant de signer une proclamation de soutien à Napoléon échappé de l’île d’Elbe, ce qui lui ouvrit ensuite la carrière : préfet de police, ministre de l’intérieur, président du Conseil des ministres – rien que de très classique. Il se disait royaliste « modéré », ce qui lui servit à l’évidence durant cette première partie de la Restauration durant laquelle (jusqu’en 1820) la monarchie fit un tout petit peu semblant de ne pas revenir à l’absolutisme de ses aînés, après avoir octroyé, dès 1814, une « Charte constitutionnelle » à ses sujets. Tout cela était évidemment inadmissible par les « ultras » qui, ne pouvant pas, bien sûr, s’en prendre directement au roi, se rabattirent sur son ministre. Là encore, rien que de très commun.

[18] Un indice : F* a fait don à la République d’un sinistre marcheur…

[19] « depuis le temps que nous commençâmes d’être à nous » : depuis que nous commençâmes à ne plus appartenir à d’autres, soit à ne plus être des serfs attachés à la glèbe.

[20] Mettons : de la Durance.

[21] … éborgneur, arracheur de mains.

[22] C’est moi qui souligne.

[23] « Firman : Ordre, permis émanant d’un souverain musulman et revêtu de sa signature, de son cachet.

Spécialt En Iran, rescrit du shah » (dictionnaire Myriade langue française). Paul-Louis, utilisant et soulignant ce terme orientalisant, renvoie au caractère despotique de la décision préfectorale (despotisme étant toujours associé à « oriental » en ce temps-là, et peut-être même plus longtemps).

[24] J’ai déjà dit qu’il s’agit ici d’une préfète et qu’elle n’a pris aucun arrêté dans l’affaire qui nous occupe, puisque les dispositions qui ont permis aux gendarmes de se comporter comme ils l’ont fait, c’est-à-dire de satisfaire le besoin (la jouissance ?) de punir de l’édile perfide, relèvent bien de lois ( ?) décrets et autres mesures scélérates décidées par un seul, en fin de compte.

[25] « Au son du tambour » : je ne reprendrai pas ici la complainte du matraqué médiatique. Vous voyez (et vous entendez, et vous lisez) de quoi je parle.

[26] Et combien de temps encore ?

[27] Jouer ? Vous n’y pensez pas ! Circulez, et mettez votre masque !

[28] Et partout.

[29] De qui vous savez (pour les étourdi·e·s ; voir note 22).

[30] « accord secret », « d’autres puissances » : ah ça ! Un complotiste, ce Paul-Louis ! Je pense qu’il parlait alors de l’Église dite « militante ». Bien sûr qu’aujourd’hui il n’y a plus d’accords secrets, et surtout pas avec, au hasard, Big Pharma ou Bill Gates et sa fondation : tout se passe au grand jour, ils disent ce qu’ils font et font ce qu’ils disent… Voir par exemple l’excellent « Dans la nébuleuse de la Fondation Bill & Melinda Gates » sur Visionscarto.

[31] Plus d’indices, j’en ai déjà trop dit sur F*.

[32] L’hôtel de ville.

[33] Monsieur le maire.

[34] Républicains.

[35] Du B* à F*.

[36] Et les lundis !

[37] F*, le dimanche 21 mars 2021.

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