Trois livres sur une langue

Une fois n’est pas coutume, je parlerai ici de trois livres. Les trois traitent de l’arabe, chacun de son propre point de vue. Le plus récent, qui vient de paraître chez Libertalia dans une collection dirigée par l’excellent site d’information Orient XXI, se veut Plaidoyer pour la langue arabe. Son auteure, Nada Yafi, « a été tour à tour interprète, diplomate française dans des pays arabes, directrice du centre linguistique à l’IMA [Institut du monde arabe, à Paris], traductrice [et] éditrice de la page arabe d’Orient XXI ». L’Arabe pour tous. Pourquoi ma langue est taboue en France, de Nabil Wakim, né au Liban en 1981 et journaliste au Monde, est paru au Seuil en 2020. Il s’agit plutôt d’une enquête sur la place de l’arabe en France et les difficultés rencontrées par l’auteur et un certain nombre d’autres personnes « immigrées » à retrouver l’usage de leur langue maternelle, bien souvent effacée par le français qui a pris sa place dans leur vie quotidienne. Enfin, le livre de Kaoutar Harchi, paru en 2016 chez Pauvert, est un essai de sociologie de la littérature. Il s’intéresse au parcours de cinq auteur·e·s algérien·ne·s qui ont écrit en français et aussi en arabe : Je n’ai qu’une langue, ce n’est pas la mienne. Des écrivains à l’épreuve est son titre[1].

« Aucune langue n’est étrangère, à condition de pratiquer d’abord sa propre langue, écrivait Kateb Yacine en 1975[2]. Je m’exprime aujourd’hui en arabe dialectal, dans la langue du peuple algérien. J’apprends aussi à balbutier en langue dite berbère, la langue des ancêtres. C’est un double saut périlleux. Il faut le faire ou se résigner à l’aliénation. » Kateb est le premier des auteur·e·s étudié·e·s par Kaoutar Harchi. La citation rapportée ici aborde au moins deux des problématiques abordées par les trois ouvrages : tout d’abord, et de façon implicite, le poète déclare « sienne » la langue française – dont il disait par ailleurs qu’elle était pour lui un « butin de guerre », la guerre contre le joug colonial s’entend. S’il a commencé dans la « carrière » (entre guillemets, car peu furent moins carriéristes que lui) des lettres en écrivant en français, c’est probablement parce qu’il n’y avait guère, alors, moyen de faire autrement. Mais comme on sait si on l’a un peu fréquenté, il écrivit ensuite beaucoup en arabe, lorsqu’il monta (après l’indépendance, bien sûr : en 1971) une troupe de théâtre itinérante (l’Action culturelle des travailleurs – ACT) afin de parcourir l’Algérie à la rencontre de ses compatriotes. Première problématique, donc, et qui concerne avant tout les cinq écrivain·e·s « à l’épreuve » de Je n’ai qu’une langue… : le rapport entre la langue du colonisateur – qui fut aussi longtemps (132 ans !) la seule langue officiellement enseignée dans les départements français d’Algérie, l’arabe étant considéré comme une langue « étrangère » – et la (les) langue(s) des colonisé·e·s. Deuxième problématique, justement, les rapports entre l’arabe du Coran, tel qu’il était (et qu’il est encore souvent, semble-t-il, selon les témoignages rapportés par Nabil Wakim et Nada Yafi) enseigné dans les écoles coraniques, et l’arabe dialectal, sans parler de la ou des langues berbères (en tout cas dans les pays du Maghreb).

« Il y a un arabe mort, et un arabe vivant, dit encore Kateb Yacine. L’arabe vivant, c’est l’arabe populaire, car le principal créateur de la langue, n’en déplaise à nos Ulémas[3], c’est le peuple entier, lui seul peut donner à la langue toute sa saveur. C’est ce qui s’est passé, par exemple, quand on est allé du latin au vieux français, qui a fait éclater les formes religieuses, liturgiques, précieuses, etc. Il a fallu, bien sûr, tout le travail de la Pléiade, des Encyclopédistes, qui préparèrent les esprits à la Révolution de 1789. Ce travail reste à faire chez nous… J’aime la langue arabe, c’est ma langue maternelle, c’est pourquoi j’en parle avec tant de passion. Je crois en la révolution de la langue arabe et je suis sûr qu’elle sera faite plus tôt qu’on ne le croit… de nos jours on n’arrête plus le mouvement du monde par une bulle du pape… ou du grand mufti[4]. »

Kateb parlait là de ce que Nada Yafi appelle l’« arabe dialectal ». Personnellement, j’ai toujours eu un peu de mal avec la notion de dialecte, trop souvent (voire systématiquement) considéré comme une sorte de « sous-langue », qui n’aurait pas la dignité des « vraies » langues nationales. Mais ce n’est pas le cas de l’auteure du Plaidoyer pour la langue arabe : « Nous ne reviendrons pas, dit-elle, sur la définition de ce qu’est une langue par rapport à un dialecte, question qui soulève des débats linguistiques, comme le souligne l’aphorisme popularisé par le linguiste spécialisé dans l’étude du yiddish Max Weinrich : “Une langue est un dialecte avec une armée et une flotte.” Partons simplement, poursuit Nada Yafi, d’une constatation sur laquelle s’accordent linguistes et pratiquants de la langue : la langue arabe présente un large spectre linguistique dont les deux pôles semblent à première vue distincts : l’arabe littéral dit fusha[5] et le dialecte, âmmiyyai ou dârija. »

Mais je vais essayer de présenter brièvement chaque livre l’un après l’autre, ce sera plus simple.

Kaoutar Harchi analyse donc les trajectoires de cinq écrivain·e·s algérien·ne·s dans ce que Pascale Casanova avait appelé la « république mondiale des lettres[6]. » Outre Kateb Yacine, il s’agit d’Assia Djebar, Rachid Boudjedra, Kamel Daoud et Boualem Sansal. Je ne citerai ici qu’un seul passage concernant leur rapport à la langue française (le livre parle en détail de leurs positionnements politico-littéraires entre métropole et colonie, puis, après l’indépendance, dans la situation postcoloniale, et il est passionnant en ce qu’il montre, à travers l’« épreuve » subie, quelle est la nature des rapports entre France et Algérie ; mais je ne veux pas en rendre compte trop longuement ici). « La relation de l’écrivain algérien à “la langue de l’autre” est douloureusement ambivalente. La notion de dépendance qui la traverse plus ou moins fortement est liée au fait que l’accession de l’Algérie à l’autonomie politique n’a pas favorisé l’accession à l’autonomie linguistique. En ce sens, l’écrivain algérien, privé de la possibilité d’énoncer les lois spécifiques de sa pratique d’écriture – et d’en forger librement l’outil –, est contraint d’adopter la loi de l’ancienne puissance coloniale qui consacre la langue française comme seule langue de la littérature[7]. »

L’approche de Nabil Wakim est bien différente. Elle est d’abord autobiographique : « Je suis né à Beyrouth, au Liban, en 1981, pendant la guerre[8], puis j’ai déménagé en France à l’âge de quatre ans. Je suis devenu journaliste au Monde, j’écris et je parle un français châtié. Par contre, je suis nul en arabe. Pourtant, j’ai grandi avec. Plus encore : l’arabe est ma langue maternelle. Celle que m’a parlée ma mère à la naissance, celle de mes premiers jeux d’enfant, celle de mes plats préférés. Quelque part entre mes quatre ans et mes quarante ans, j’ai perdu l’arabe en cours de route. Sans vraiment y faire attention, sans vraiment savoir pourquoi. » Dès lors, le livre raconte, souvent avec une bonne dose d’humour et d’autodérision, mais aussi avec une colère que l’on sent monter au fil des chapitres contre la politique linguistique de la France, la quête son auteur en recherche de compréhension : comment peut-on oublier sa langue maternelle ?

Il va d’abord voir d’autres personnes qui ont suivi un parcours similaire au sien : entre autres, deux anciennes ministres, Najat Vallaud-Belkacem et Myriam El-Khomry. Et constate qu’elles non plus ne parlent plus arabe. Il comprend petit à petit que ses parents n’ont pas trouvé important qu’il ne perde pas l’arabe. Pourquoi ? Parce que cela ne lui aurait pas servi dans son parcours scolaire d’abord, professionnel ensuite, selon son père. « Il y avait d’autres priorités. » Il découvre ensuite que « cette dynamique à l’œuvre dans certaines familles immigrées » ressemble à « ce qui s’est passé pour les langues régionales en France. L’historienne Mona Ozouf raconte ainsi qu’elle a été élevée par sa grand-mère, qui parlait un breton parfait mais l’interdisait à la maison : “Pour elle, comme pour les ruraux, le français est la langue de l’ascension sociale, celle avec ‘les enfants auront moins de mal’[9].” Longtemps, pousser ses enfants à apprendre le breton ne semblait pas la meilleure manière de leur donner une chance de réussir dans la vie. Je me souviens avoir vu les panneaux “Interdit de parler breton et de cracher par terre” dans mes manuels d’histoire, qui racontaient avec des décennies de retard comment la France avait écrabouillé les langues régionales pour donner toute la place au français, la langue commune[10]. On ne trouve nulle part de panneau “Interdit de parler arabe”, mais l’avertissement existe dans la tête de beaucoup de parents immigrés qui veulent que leurs enfants réussissent. »

Nabil Wakim poursuit en allant voir des scientifiques spécialistes du fonctionnement cérébral qui lui expliquent pourquoi il ne faut pas s’étonner d’avoir oublié une langue que l’on a cessé de pratiquer quotidiennement. Puis il s’intéresse au contexte politique hexagonal, qui empêche que l’arabe soit vraiment enseigné comme il devrait l’être par l’Éducation nationale : le nombre d’enseignants, de classes et d’élèves est dérisoire par rapport à ceux des autres langues étrangères, et il est inversement proportionnel au nombre d’élèves qui viennent de familles arabophones[11]. Et il raconte comment, pour tout arranger, de fausses informations ont été sciemment fabriquées et diffusées en 2014 par des militants d’extrême droite d’abord, puis par la droite dite « classique » et les réseaux laïcards (qui débordent largement à gauche), prétendant que la ministre de l’Éducation d’alors, Najat Vallaud-Belkacem, s’apprêtait à imposer l’enseignement obligatoire de l’arabe dès l’école primaire…Un bobard repris ensuite pendant des années par tout un tas de soi-disant « responsables » de la droite, tel l’inénarrable Ciotti Éric (en 2018), bobard dont l’efficacité ravageuse repose sur l’équivalence implicite aussi grossière que généralement admise : arabe = langue du Coran = développement de l’islamisme = terrorisme. L’ancienne ministre en a gardé « un souvenir amer », dit Nabil Wakim, et ce d’autant plus qu’elle s’était retrouvée très isolée alors face à la déferlante de messages haineux sur les réseaux sociaux[12]. Sur d’autres sujets polémiques[13], dit-elle, elle avait trouvé des soutiens, y compris venus du camp d’en face, « mais pas sur la langue arabe : non seulement vous avez un matraquage idéologique d’une certaine presse, mais y compris dans votre propre formation politique [le PS], les gens prennent un milliard de précautions avant de manifester le moindre soutien, c’est ça qui est dingue ! ». Eh oui… Plus c’est gros plus ça passe, disait déjà Gœbbels.

Dans ce contexte, on a bien besoin d’une contre-propagande, ou plutôt d’une contre-information intelligente. C’est ce à quoi s’est attachée Nada Yafi avec son Plaidoyer pour la langue arabe.

L’intérêt de ce petit bouquin, c’est qu’il nous dit à peu près tout ce que nous devrions savoir sur le sujet. Il ne s’agit pas d’une encyclopédie, non, mais d’une synthèse vraiment très utile. De plus, ce qui ne gâte rien, son auteure est vraiment engagée, au bon sens du terme : comme il a été dit en introduction de cette note, elle peut se prévaloir d’une solide expérience et… elle aime l’arabe, tout simplement. Elle nous apporte des éléments historiques, sociologiques, politiques… et linguistiques, bien sûr, de compréhension des enjeux de la présence de cette langue en France. Il est parfois difficile de se convaincre de l’urgence qu’il y a à mieux s’informer d’un sujet qui est quelque peu escamoté dans le débat public hors quelques moments de crise politico-médiatique comme celle évoquée plus haut autour de l’enseignement obligatoire de l’arabe. Si tel est votre cas, lisez d’abord les chapitres X et XI du livre, respectivement : « L’impensé algérien » et « Le retour du refoulé ». « Si la langue arabe est vue sous un jour guerrier, si elle est si souvent le prétexte de violentes polémiques en France, c’est, j’en suis désormais convaincue, en raison d’un imaginaire collectif qui demeure hanté par la question algérienne. » Et de citer Kaoutar Harchi, elle-même citant Jules Ferry : « Nous ne voulons leur [les enfants d’« indigènes »] apprendre ni beaucoup d’histoire, ni beaucoup de géographie, mais seulement le français, le français avant tout, le français et rien d’autre[14]. » La sociologue poursuivait en rappelant le résultat de cette politique : « le taux de scolarisation des enfants algériens atteignait péniblement 5% en 1912 ».

« En désignant autrefois systématiquement les Algériens par le terme de “musulmans” selon un critère racial-religieux qui les séparait des citoyens français des migrants européens et de leurs compatriotes juifs, poursuit Nada Yafi, la France coloniale aura sans doute davantage ancré dans la mémoire collective le lien supposément indissoluble entre langue et religion que ne l’ont fait quelques attentats perpétrés par des individus désaxés se réclamant de l’islam, alors même qu’ils se révèlent ignorants de son histoire et de ses valeurs. » Parce qu’ils ont crié Allah Akbar, ces agresseurs représenteraient l’essence de l’islam, religion violente s’il en est. Nada Yafi fait litière de ces accusations en rappelant que cette expression, qui n’existe pas dans le Coran, est « à rapprocher d’une expression usuelle dans les prières chrétiennes : “Notre Père qui êtes aux cieux.” La formule, ajoute-t-elle, a également acquis un sens profane en passant dans l’usage populaire sous forme d’interjection visant à exprimer l’émerveillement, l’admiration, voire, par extension, l’ironie. » Et de conclure : « Le détournement abusif d’une expression linguistique en arrive pourtant à justifier pour certains le rejet d’une langue. » Autrement dit : à justifier l’ignorance crasse des Blancs sûrs de leur supériorité et de leur vocation à dominer le reste du monde[15]

Nada Yafi cite à plusieurs reprises les deux autres livres dont j’ai brièvement traité ici, et bien sûr beaucoup d’autres références très utiles. C’est pourquoi je conseillerai à celles et ceux qui voudraient d’en tenir à un seul ouvrage, ou alors savoir par lequel commencer, de lire d’abord son Plaidoyer. Et ce même si j’ai quant à moi vraiment apprécié aussi les deux autres.

 

Ce 30 janvier 2022, franz himmelbauer, pour Antiopées.

[1] Titre tiré d’une phrase de Jacques Derrida dans son essai Le Monolinguisme de l’autre ou la prothèse d’origine (éd. Galilée, 1996). L’auteur y a fait insérer (au moins dans l’édition de 2016, celle que je cite) une « Annonce » avant même les pages de titre, dans laquelle on peut lire : « Je n’ai qu’une langue, ce n’est pas la mienne. […] Or jamais cette langue, la seule que je sois ainsi voué à parler tant que parler me sera possible, à la vie à la mort, cette seule langue, […] jamais ce ne sera la mienne. Jamais elle ne le fut en vérité. » Fils de juifs sépharades, Jacques Derrida naquit et vécut en Algérie jusqu’à l’âge de dix-neuf ans, rappelle Kaoutar Harchi.

[2] Ne me demandez pas la référence précise. J’avais commis, en 1999, un petit papier (pour Le Monde Diplo) sur Kateb Yacine à propos de quelques parutions le concernant – c’était (déjà !) le dixième anniversaire de sa mort. J’y citais ces phrases sans en indiquer l’origine. J’ai retrouvé une partie de la citation en exergue d’un de ces volumes, un recueil de ses œuvres théâtrales, Boucherie de l’espérance (Seuil, 1999), avec la référence aux Nouvelles littéraires.

[3] Ici, on peut s’amuser à remplacer « arabe » par « français » et « Ulémas » par « Académiciens »…

[4] « Kateb Yacine, les intellectuels, la révolution et le pouvoir », Jeune Afrique, n° 324, 26 mars 1967. Extrait cité par Zebeida Chergui dans sa « Note au lecteur » en ouverture de Boucherie de l’espérance, op. cit.

[5] À ne pas confondre toutefois avec la langue du Coran, celle dont Kateb Yacine disait qu’elle était « morte » (comme nous disons du latin ou du grec ancien que ce sont des langues mortes) : « L’arabe dit fusha (le terme arabe signifiant langue claire), précise Nada Yafi, plus fréquemment appelé de nos jours “arabe moderne standard”, est la première langue officielle des vingt-deux États de la Ligue arabe. C’est également – il n’est pas inutile de le rappeler – l’une des six langues officielles de l’ONU et de nombreuses organisations internationales ou régionales. » J’ajoute ici que c’est une langue qui évolue, comme toutes les langues, et particulièrement à travers l’usage des médias et d’Internet.

[6] Pascale Casanova, La République mondiale des lettres, Seuil, 1999. Voici ce que j’en écrivais la même année, encore pour le Diplo (pardon, je recycle…) : « Née au XVIe siècle de la lutte, incarnée par Du Bellay et son fameux manifeste Défense et illustration de la langue française, entre français “vulgaire” et latin jusqu’alors hégémonique, la République des lettres s’est universalisée au travers de deux autres périodes de bouleversements historiques majeurs : l’émergence des « nationalités » dans l’Europe du XIXe, puis la décolonisation après 1945. Elle a “son propre mode de fonctionnement, son économie engendrant hiérarchie et violences, et surtout son histoire qui, occultée par l’appropriation nationale (et donc politique) quasi systématique du fait littéraire, n’a jamais encore été véritablement décrite”. Le mérite de Pascale Casanova est d’éclairer les enjeux qui structurent un espace et un temps littéraires, définissant des cartes et des calendriers, croisant certes souvent ceux de la politique et de l’économie internationales, mais pourtant ne coïncidant pas toujours très exactement avec eux. Ce livre atteint son objectif, qui est de fournir “une sorte d’arme critique au service de tous les excentriques (périphériques, démunis, dominés) littéraires” ».

[7] Pascale Casanova, op. cit. [note de l’auteure].

[8] La guerre civile libanaise a duré de 1973 à 1990 [note de l’auteur].

[9] Entretien au Monde, 22 mars 2019 [note de l’auteur].

[10] J’avais écrit un article (encore du recyclage, pardon !) à propos de cette « normalisation » (comme disait Brejnev à propos de l’intervention des chars soviétiques à Prague en 68) de la langue française : https://antiopees.noblogs.org/post/2017/11/04/a-propos-de-la-derniere-bulle-dune-institution-francaise-quacademique-on-nomme/#_ednref10

[11] « La France compte en tout 178 enseignants de langue arabe dans l’Éducation nationale à la rentrée 2019 – soit 20% de moins qu’en 2010 ! Et dans ce total, il faut compter un gros tiers de contractuels […] Pour avoir plus de profs dans le circuit, il faudrait ouvrir des postes au concours. En 2019, il y avait 6 places au CAPES d’arabe, contre 10 pour le chinois, et 250 pour l’allemand. Ces chiffres sont assez stables depuis 10 ans. […] Du côté des classes, si on compte 359 établissements enseignant l’arabe sur toute la France, la réalité est très contrastée selon les académies. […] Si le nombre des classes est si peu élevé, c’est qu’il faut convaincre les recteurs, les régions, les chefs d’établissement et le reste du corps enseignant que c’est une bonne idée d’avoir une classe d’arabe. Et là, tout devient plus compliqué : personne n’est pour. Autant essayer de convaincre Total qu’il faut arrêter d’extraire du pétrole demain pour sauver le climat. » (Nabil Wakim, p. 103-105.) Nada Yafi résume : « un élève sur mille dans le primaire et deux sur mille au collège ».

[12] « La calomnie, monsieur ! Vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j’ai vu les plus honnêtes gens près d’en être accablés. » Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, Le Barbier de Séville (1775).

[13] Comme les « ABCD de l’égalité », programme scolaire destiné à lutter contre le sexisme et les stéréotypes de genre qui avait finalement été abandonné suite à une campagne tout aussi violente de l’extrême droite…

[14] C’est moi qui souligne. (Cela me rappelle aussi l’aversion des Versaillais contre le principe même de l’éducation des rejetons des « classes dangereuses » : ils ne haïssaient rien tant que les prolétaires « éduqués », qui savaient lire la Déclaration des Droits…)

[15] Voir à ce propos le « débat » édifiant entre Éric Zemmour et Jack Lang qui eut lieu en février 2020 sur une chaîne d’info en continu et dont on trouve facilement l’enregistrement sur YouTube.

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