À un ami

Cher David,

quelle histoire quand même ! Quelle histoire que la tienne et celle de tes ami·e·s, j’allais écrire « ta bande », à laquelle je me sens plutôt fier d’appartenir. Je n’ai guère de mérite à cela, à part avoir pu, grâce à tes sollicitations, contribuer à l’édition de « tes » deux livres. Je mets « tes » entre guillemets non pas pour minimiser le tien, de mérite, mais parce que ces deux ouvrages sont, chacun à sa manière, l’aboutissement de cheminements collectifs[1]. Comment aurait-il pu en aller autrement de Micropolitiques des groupes. Pour une écologie des pratiques collectives ? Vous aviez travaillé en groupe, justement, pour le rédiger, tâchant de tirer les leçons des situations vécues au cours d’années d’engagement.

Vous vous présentiez ainsi en Introduction :

[…] Avoir quatorze ans en 1985 et être pris pour x ou y raisons dans une envie de « bouger », cela passait par où ? Par le hasard d’une rencontre dans un bar et une invitation à venir à la prochaine réunion ; par la musique et la scène alternative avec les Béruriers Noirs ; par un « positionnement » dans ce contexte des « années d’hiver », de Dallas et Dynastie, de Reagan et Thatcher ; par une réponse à la violence de l’institution scolaire et des contrôles policiers incessants ; par des images de révolution plein la tête, révolutions passées, victorieuses ou réprimées, – « Il pleut sur Santiago » –, présentes aussi avec les sandinistes du Nicaragua, « qui ne feront plus comme avant »…
L’amorce passe par là mais la question demeure : où aller ? Une chose semble claire en tout cas : les vieilles et grandes organisations issues du mouvement ouvrier (syndicats, partis, coopératives) ne représentent plus grand chose et, si elles représentent encore quelque chose, c’est du point de vue des régulations du pouvoir. Les petites ou grandes ONG n’attirent guère davantage et paraissent segmentées, spécialisées et peu ou prou institutionnalisées. Un peu trop molles, en somme, par rapport à la folie qui traverse la tête.
Il nous reste alors deux possibilités : créer par nous-mêmes notre propre organisation ou en rallier une parmi ce que l’on appelle couramment l’extrême gauche. Trop jeunes encore pour créer « notre » organisation, nous choisissons de débarquer chez les trotskistes, même si de Trotski et de la Quatrième Internationale, nous ne connaissons à peu près rien. Ce qui nous plaît, c’est le discours anticapitaliste et révolutionnaire. On ne comprend rien non plus à la « dialectique » qui a cours dans l’organisation à propos de l’Est et de l’Ouest, « où, quand même, in fine, il s’agit de défendre l’URSS face aux USA », ni à cette atmosphère de relatif ennui qui imbibe les locaux et les réunions. Mais on se dit, du haut de notre adolescence, que c’est sans doute normal car « faire de la politique, c’est du sérieux ». Après deux années où nos seules interventions dans la rue se résument à aller coller des affiches pour le parti, on commence vraiment à se dire que la politique c’est du sérieusement emmerdant. Une exclusion collective[2] vient mettre un point final salutaire à cette première rencontre. (MdG, p. 18[3])

Votre petite bande de jeunes passera ensuite par diverses étapes – d’abord VeGa, Verts pour une Gauche alternative, puis les mobilisations de l’époque, influencées par les zapatistes et leur refus de la prise du pouvoir d’État, jusqu’à la création de groupes autonomes, le Collectif sans nom qui ouvre un Centre social à Bruxelles et le Collectif sans ticket qui va mener une lutte pour la gratuité des transports dans la capitale de l’Europe et ailleurs… Je ne cite ici que quelques étapes marquantes – quelques noms plus connus : qui voudra en savoir plus pourra se procurer Micropolitiques des groupes ou le lire en ligne.

Et puis en 2013, alors que tu étais en train de travailler à la mise en forme d’une longue enquête que tu avais menée dans les milieux populaires en Grande-Bretagne, et que tu t’étais accordé quelques jours de vacances avec Olivia ta compagne, « il » est arrivé. Je te laisse le dire :

Il est arrivé un 13 août. Le 13 août 2013… On est là ma compagne et moi à jouer sous un arbre. On n’est pas loin de Lerida, en Catalogne. Puis soudain au détour d’un mot, ça bugue, une baisse d’inten­sité : pouleeet…

« Ça va ? T’es tout pâle ! »

Là donc, sous un arbre. Il va nous surprendre et créer une bifurcation dans le temps de nos vies. Il va imposer sa chronologie. Désormais le 13 août mar­quera une date.

Une date de quoi ? D’anniversaire ? C’est encore trop tôt pour le dire. De naissance ? Sans doute. Accompagnée d’une petite mort intérieure. Il se pré­sente comme une éruption volcanique, un monde indifférencié. Plus proche du chaos que d’Éros. Que s’est-il passé ?

Personne ne sait, même si beaucoup d’inter­prétations tenteront de le classer ou de l’expli­quer. Personnellement, j’en appelle à une certaine ephexis, à une retenue dans l’interprétation. Tantôt on dira que tout a commencé par un mot tremblé, aussitôt suivi d’une baisse d’intensité radicale : « Je crois que je vais aller m’allonger. » Tantôt on quali­fiera le phénomène de puissance inconnue qui vous entraîne jusqu’à des limites impensables. Une puis­sance capable de m’imposer deux ans en institution hospitalière et de me transformer en hémiplégique de gauche. Bien visé : mieux qu’à droite.

Ce sont les premières lignes de ton nouveau livre, qui sort cette semaine[4] (encore un 13… cette fois-ci vendredi 13 juin – parions que celui te, nous portera bonheur !) Ainsi, à peine dépassé le cap de la quarantaine, tu as bien failli y rester. Comme le raconte Olivia, dont les pages du journal intime viennent suppléer à ton « absence » momentanée, tu as d’abord été hospitalisé le lendemain à Lerida, non loin du camping où l’AVB, « accident de vie brutal », comme tu le nommeras plus tard envers et contre la nosographie dominante, t’a mis KO pour le compte. Par malheur, les soignants n’ont pas tout de suite compris la gravité de ton état, et le surlendemain, c’était le 15 août… « Foutu jour férié pendant lequel ils n’ont rien fait », dit Olivia. Ce n’est donc que le 16 que l’on t’a transporté en hélicoptère à Barcelone où tu as subi une très lourde opération.

Plusieurs de nos ami·e·s ont fait le voyage pour être à tes côtés dans ces moments terribles. Je n’en étais pas… Avec J., nous avions des nouvelles. Nous redoutions chaque coup de téléphone. Heureusement, tu as fini par te réveiller. Mal. Tu allais mal – comme tu le racontes (et Olivia aussi). Mais l’essentiel était sauvé : tu étais encore parmi nous, et Maïa l’amie de toujours pouvait chanter :

[…] Dire les machines rythmant le cœur / bien sûr comme une guerre… ça fait peur ! /ça résonne, ça tonne dans la tête ! / Dire la chronique d’un diagnostic :ça prend des airs catastrophiques ! / […]

Mais madame la blouse blanche, savez-vous la lune est savante : / on le voit plein de blagues qui éclatent, toujours avec cet air un peu bravache ! / Monsieur le docteur, j’ai le plaisir de vous annoncer le devenir : /celui qui est entre vos bras est un philosophe du rire ! / Un Django Reinhardt avec des doigts cavalant / un nomade, un complice du temps / « l’heure n’est pas aux chants funèbres / criant vers l’autre bout de la terre : / Il va se réveiller l’ami / malgré tous les diagnostics, / vous verrez avec quelle nouvelle musique ! »

Dire comme Frida, s’il n’a pas l’usage de ses pieds… / il aura bien l’élan des ailes pour marcher / Et nous chantons les heures les minutes les secondes

Oyé luna luna luna / ah si pouvaient galoper les chevaux du ciel ! / chasser l’hiver des diagnostics redoutés / la tempête des cerveaux retournés / la terreur ne nous empêchera pas de rêver /avec le blues des infirmières et des aides-soignantes / les larmes scintillent et nous sommes riantes

L’ami ça se bat encore / ça s’élève, ça roule, ça titube, / ça se répand, c’est de la mauvaise graine, / ça pousse et ça verdit ! / ça pousse partout entre nos jambes ! / Aujourd’hui la lune est presque pleine / quelque chose résonne des brigades de Barcelone / et chaque signe est une aubaine / ça nous lacère de lignes de lumières / quand l’hôpital crie « Du fric pour l’hôpital public ! » / Nous on dit : on sait qu’il va s’en sortir[5] ! […]

Comme tu le racontes toi-même au fil des pages qui suivent, ce « nous » qui dit « on sait qu’il va s’en sortir » a joué un rôle extrêmement important dans ce que tu décris, non pas comme une guérison – au sens d’un « retour à la normale », quelque peu « diminué », toutefois, ainsi que les « normaux » considèrent trop souvent (la plupart du temps, il faut bien le reconnaître) les éclopés – mais plutôt comme une métamorphose. Car la bande ne t’a jamais lâché pendant ton hospitalisation dans un « centre de traumatologie et de revalidation » (CTR), puis durant les neuf mois suivants où tu suivais une « rééducation » dans un centre de jour. Ainsi, au CTR, les ami·e·s se relayaient quotidiennement pour t’apporter un bon plat chaud à partager… Je me souviens être venu une fois avec elleux – je ne sais plus précisément, on devait être quatre ou cinq. Notre présence détonnait dans le cadre froid de cette institution dont tu décris avec un humour féroce les manques, les insuffisances, comme aussi, parfois, les moments de joie partagée avec les autres « im-patients » (courses de chaises dans les couloirs et autres espiègleries).

Arrivé à ce point, cher David, je me retrouve un peu – comment dire, coincé ? Parce que ton livre est très difficile à résumer. Il est tissé de plusieurs fils qui s’entrecroisent, formant des motifs à la fois discrets et tous interdépendants. C’est bien sûr un récit, comme l’indique le titre, mais l’amie É. m’a dit, justement, qu’elle trouvait ce terme un peu réducteur. C’est un récit et c’est beaucoup plus qu’un récit : une réflexion lucide et sans concession sur l’institution hospitalière, sur la médecine, ses catégories, son vocabulaire du manque, de la privation, de la réduction – je n’ai guère envie de développer, tu le fais beaucoup mieux que moi –, puis sur l’« extérieur » (de l’institution) auquel il faudrait se (ré)adapter – alors que tout, ou quasiment tout s’y oppose, il faut lire tes descriptions de la vie « en rue », comme vous dites en Belgique, sur les passages piétons par exemple alors que, quelque peu ralenti par une jambe rétive, tu ne les traverses que de justesse avant que le feu des autos repasse au vert… ou dans les bus qui souvent ne marquent pas assez longtemps les arrêts pour te laisser le temps d’y accéder ou d’en sortir… Et cela sont les choses qui se voient (enfin, pour celleux qui veulent bien y prêter attention), mais il y a aussi ces questions de rythme, de fatigue. Et je ne parle pas des « surprises », comme tu dis si joliment. « Surprise : état de quelqu’un frappé par quelque chose d’inattendu […] en grec, épilambanein signifie “attaque surprise”, ce que la langue médicale a traduit par “épilepsie”. » Encore une conséquence de l’AVB – pardon, des conséquences, car si tu en as vécu, dis-tu, « une petite dizaine », elles étaient « très dissemblables, allant de l’agréable au fort déplaisant ». « En bon nosographe, [tu] les a[s] classées, décrites et nommées. » Et tu l’as fait comme toujours consciencieusement, précisément et surtout avec humour, comme lorsque tu nommes l’une d’entre elles Mohamed Ali… (oui, il y a aussi du swing dans ton écriture !) Je laisse tes lectrices et lecteurs, que j’espère nombreuses[6], les découvrir.

Ce qui m’impressionne vraiment, cher David, c’est que tu accompagnes chacune de ces péripéties quotidiennes plus ou moins heureuses ou fatigantes de réflexions politiques et/ou philosophiques. Tu donnes de la profondeur à ce qui aurait pu autrement passer pour banal et à cette fin, tu vas piocher tes références chez tes philosophes et penseuses préférées (sans tenter d’être exhaustif, je citerai Deleuze/Guattari, Foucault, Stengers, Nietzsche, William James, Bergson, Canguilhem…), mais aussi chez des écrivains et des poètes (Mahmoud Darwich, Virginia Woolf), des chercheuses en médecine, des anthropologues, des sociologues, des journalistes[7], etc. Et ce n’est pas pour la frime, hein, ces références sont toujours pertinentes. Une manière d’éclectisme fonctionnel, en somme. C’est bien pourquoi il est compliqué (pour moi, en tout cas), de synthétiser pareil essai. Et c’est aussi pourquoi je vais revenir à une citation de ton Introduction, afin de donner une idée de ce que tu as voulu (et réussi à) faire avec ce livre. Tu disais donc, pour reprendre la fin de la citation précédente : « […] une puis­sance capable de m’imposer deux ans en institution hospitalière et de me transformer en hémiplégique de gauche. Bien visé : mieux qu’à droite. » Voici la suite :

Au fil du parcours, j’ai tenté tout à la fois d’ex­plorer et de me réapproprier cette puissance. Elle portera plusieurs noms. Le « poulet » sera le premier. Il correspond au plus proche de l’événement – puis, j’ai tenté de le cerner de plus près avec des infinitifs, genre « irrupter » ou l’innommable « haiter ». Mais rien n’y a fait. Ces manières de le désigner n’ont pas tenu l’épreuve des versions du texte. À défaut de mieux, j’ai opté pour une solution a minima : l’événement sera donc désigné par « Z ». Cette simple vingt-sixième lettre de l’alphabet – avant de basculer dans autre chose – offre l’avantage de maintenir l’ephexis tout en créant ce bout de territoire qu’il s’agira de déployer. Tel un funambule j’essaierai, avec les voix qui vont m’accompagner, de tenir debout sur un mince fil soutenu par cette question : comment soigner la vie sans l’annuler comme vie ? Questions qui résonnent étrangement alors que j’écris, ce 21 décembre 2020, en plein deuxième confinement.

Depuis ce fil qui est le nôtre, il s’agira d’appré­hender l’événement Z comme une expérience d’in­novation positive du vivant et non seulement comme un acte d’amoindrissement. Cette perspective minoritaire est celle que je vais tenter peu à peu de construire et d’affirmer. Symétriquement, il s’agira de résister à la culture majoritaire dite « validiste ». Encore un fil délicat à maintenir : on n’entrera donc pas dans le marécage du négatif sans tracer ce que l’on appellera de nouvelles possibilités de vie.

Notre exploration s’articulera autour de trois traits : une figure, un cri, une vision pour demain.

Im-patient.

Fuck validisme !

S’affirmer comme singularité et force créatrice (hommage à Michel Foucault).

Beau programme que tu as développé à la façon qui est la tienne – sérieux, humour et esprit subversif. J’aurais pu en terminer là si l’amie É. ne m’avait pas fait remarquer voici quelques jours certain apparentement de ton texte – de ton expérience – avec Croire aux fauves, de Nastassja Martin. Je m’y suis aussitôt replongé et cela m’a aussi sauté aux yeux. Il y a beaucoup de résonances entre ces deux livres. Pas dans les causes des événements respectifs dont ils traitent, mais dans les effets, à l’évidence. Elle et un ours se sont rencontrés, et battus, quelque part dans les montagnes du Kamtchatka. Z t’a foudroyé au pied d’un arbre quelque part en Catalogne. Disparité des causes. Par contre, effets communs : un long parcours médical, avec les mêmes regards toujours déjà informés de spécialistes qui ne tardent pas à vous classer dans une de leurs catégories – avec froideur, sans empathie, au risque de vous faire encore plus mal[8]. Puis ce sentiment d’avoir été propulsée quelque part hors du temps, ou plutôt dans un « entre-deux ». Et puis encore la question « qu’est-ce qui va se passer » plutôt que « qu’est-ce qui s’est passé ? » Je pense que ce n’est pas ici le lieu de développer la comparaison – les analogies, les résonances – entre vos deux livres. Je suppose que tu avais lu Croire aux fauves, non ? En tout cas, cela vaut la peine de le relire après ton livre, tu verras.

Pour ma part, je vais conclure cette missive par un bref extrait de Croire aux fauves que je mets en regard avec la conclusion de ton livre. Je pense que je peux me passer de commentaire. Voici d’abord ce qu’écrit Nastassja Martin – ce passage[9] suit celui de l’opération dont j’ai cité un extrait (en note 8) :

J’ai compris quelque chose d’important aujourd’hui. Guérir de ce combat n’est pas seulement un geste de métamorphose autocentrée. C’est un geste politique. Mon corps est devenu un territoire où des chirurgiennes occidentales dialoguent avec des ours sibériens. Ou plutôt, tentent d’établir un dialogue. Les relations qui se tissent au sein de ce petit pays qu’est devenu mon corps sont fragiles, délicates. C’est un pays volcanique, tout peut basculer à chaque instant. Notre travail, à elle, à moi, et à ce quelque chose d’indéfinissable que l’ours a déposé au fonds de mon corps, consiste désormais à « maintenir la communication ».

Je dis que rester en vie face à l’ours comme « face à ce qui vient » dans ce monde-ci, c’est accepter la reprise en forme de transformation structurelle. L’unicité qui nous fascine apparaît enfin pour ce qu’elle est, un leurre. La forme se reconstruit selon un schéma qui lui est propre mais avec des éléments qui sont, eux, tous exogènes.

À toi, maintenant (ce sont tes lignes de conclusion, p. 186) 

En un mot : « Les maladies sont à la fois privation et remaniement*. » Enfin, le dernier fil du nœud Z nous amène à ce « cadeau » spécial qu’il m’a fait, à savoir qu’il m’a offert non pas une mais deux perspectives sur mon existence. Celle qui me fait voir les points de vue et éprouver la chair des diverses parties de mon corps et leurs interactions. Et puis, je dispose aussi d’un point de vue m’offrant une plongée « dans les coins** » de mon allure de vie précédente. Z m’a offert cette double perspective. Cette mobilité de la santé vers l’accident et retour. C’est en ce sens que je comprends et m’accorde avec la phrase de Nietzsche : les maladies et les accidents graves et douloureux « n’améliorent pas – mais je sais qu’ils approfondissent*** »[10].

Cher David, je t’embrasse et à très bientôt !

f., pour Antiopées, le lundi 9 juin 2025


[1] Ce qui est probablement toujours plus ou moins le cas, ainsi que l’explique l’excellent article de Sébastien Charbonnier paru dans Lundi matin #478.

[2] [Note de Micropolitiques des groupes] : Pour l’anecdote, de retour d’un week-end à la mer, la dizaine de jeunes que nous étions ont droit à la gare de Gand à un tabassage en règle mené par les forces de l’ordre. Nous nous auto-organisons et, par voie de presse, nous dénonçons publiquement cet acte policier. Il se fait que la moitié des jeunes impliqués dans cette histoire n’appartenaient pas à une organisation politique. Il nous semblait donc logique de le faire en dehors du parti.

[3] Micropolitiques des groupes a été signé par le seul David Vercauteren, en accord avec Thierry Müller et Olivier Crabbé, qui ont collaboré à son écriture. Il a d’abord été publié en 2007 par les éditions HB dont je m’occupais alors, et qui ont disparu depuis. J’étais sûr, et je l’avais dit à David comme à tout le monde autour de moi, que c’était l’un des meilleurs bouquins que nous ayons publié, et qu’il deviendrait ce que dans le milieu éditorial on appelle un « livre de fonds », soit un ouvrage de référence, régulièrement réédité. Ce fut le cas, puisque MdG, comme nous l’appellerons désormais, a d’abord été réédité aux Prairies ordinaires en 2011 puis chez Amsterdam en 2018. C’est à la pagination de cette dernière édition que je fais référence ici. Cela dit, on peut aussi consulter l’ouvrage en ligne. C’est par ici : https://micropolitiques.collectifs.net/

[4] David Vercauteren, AVC. Récit d’un im-patient, éditions Libertalia.

[5] Ibid., « Chanson pour l’ami im-patient », p. 25-26.

[6] Comme c’était le cas dans Micropolitiques des groupes,David indique dans une note au début de son livre : « Envers et contre la règle qui veut que le masculin l’emporte, nous avons opté pour un usage aléatoire des genres. »

[7] Le 9 juin 2016, je note dans mon cahier : « À l’échelle mondiale, les AVC représentent la deuxième cause de mortalité et la première cause de handicap. En France, ils frappent chaque année plus ou moins 150 000 personnes. » (Lu dans Le Monde du 9 juin 2016). In AVC. Récit…, p. 81.

[8] Même si vous avez aussi rencontré de bons praticiens. Voir en particulier ce très beau passage de Nastassja Martin, p. 77 de Croire aux fauves (Verticales, 2019), à propos de la chirurgienne qui l’opère pour la seconde fois à La Salpêtrière : « […] je veux remercier ses mains à elle, qui ne savaient pas, qui ne s’attendaient pas, elles non plus, à faire face aux brèches ouvertes par la bête de l’autre monde. Ses mains qui enlèvent, qui nettoient, qui rajoutent, qui referment. Ses mains citadines qui recherchent des solutions aux problèmes de fauves. »

[9] Ibid., p. 78-79.

[10] Les notes appelées par des astérisques sont dans le texte : *Canguilhem Georges, Le Normal et le Pathologique, PUF, 1966, p. 166 ; **Nietzsche Friedrich, Le Crépuscule des idoles, Œuvres philoso­phiques complètes, vol. 8, Gallimard,1974 ; ***Nietzsche Friedrich, Le Gai Savoir, Gallimard, 1985. 

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Une réponse à À un ami

  1. Duiker Marc dit :

    Pour les « grands » lecteurs au risque de se dégauchir le ciboulot comme on se dégourdit les jambes, au risque de suicider le « soi » en prestation, un livre important dont la portée dépasse l’auteur, terrible lecteur…De vulgaires histoires de travail …
    Jean-Baptiste Fressoz, Sans transition : une nouvelle histoire de l’énergie

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