Florestania

Après Idées pour retarder la fin du monde et Futur ancestral[1], voici donc le « gros morceau » de cette trilogie : Le Réveil des peuples de la Terre[2]. Alors que les deux premiers titres ne comptaient respectivement que soixante et quatre-vingts pages, celui-ci en compte trois cent dix. Il s’agit de la traduction du livre Encontros, édité en 2015, et qui réunit des entretiens donnés par Ailton Krenak entre 1984 et 2013, complétés par un entretien réalisé en 2022 plus une postface de l’anthropologue brésilienne Els Lagrou qui vient actualiser, en quelque sorte, la préface écrite pour l’édition originale brésilienne par son collègue Eduardo Viveiros de Castro.

Ce troisième opus, lui aussi publié chez Dehors, ne tire pas son importance du seul nombre de ses pages. Il est important parce qu’il expose la lutte au long cours menée par les indigènes au Brésil pour la décolonisation. Au fil de ces pages, on comprend mieux pourquoi Eve Tuck et K. Wayne Yang affirment que « la décolonisation n’est pas une métaphore »[3]. Commençons par citer quelques mots de la préface (rédigée en 2014) de Viveiros de Castro :

Le gouvernement récemment élu [du Parti des Travailleurs (PT), avec Dilma Roussef qui avait succédé à Lula da Silva à la présidence de la République], après s’être montré, durant ces quatre dernières années, ouvertement hostile aux peuples brésiliens – aux peuples indigènes en premier lieu, mais pas seulement à eux – qui résistent encore à l’appareil de capture de l’État et à la machine écocidaire de l’agro-industrie et des mégaprojets d’« infrastructures », se renouvelle aujourd’hui en choisissant quelques-uns des plus infâmes ennemis des Indiens pour l’un de ses ministères. Ce choix, parmi bien d’autres, trahit l’impuissance essentielle – ou serait-ce de l’incompétence ? ou de l’hypocrisie ? – du projet gouvernemental en place depuis douze ans[4]. À quoi d’autre pouvions-nous nous attendre, quand un tel projet de gouvernement a conduit à une augmentation de 269% du nombre d’assassinats d’indigènes dans le pays par rapport aux dernières années du XXe siècle ? Quand le taux de suicide chez les Indiens est six fois supérieur à celui que l’on trouve chez les non-Indiens ? Quand la situation épidémiologique dans de nombreuses aires indigènes a atteint des proportions catastrophiques ? Quand la déforestation de l’Amazonie s’est accrue de manière spectaculaire – 427% entre novembre 2013 et 2014 –, à la suite de l’adoption d’un nouveau « Code forestier » élaboré par les déforestateurs, et approuvé dans l’indifférence, voire la complicité des instances et agences officielles qui sont censées veiller sur notre véritable infrastructure, c’est-à-dire notre terre dans sa dimension biophysique, l’« environnement » – les fleuves, l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons ? Quand progressent, en passant sur les terres indigènes, les réserves écologiques et la législation elle-même, de gigantesques travaux de barrage sur tous les fleuves du bassin amazonien capables de fournir, en plus de leurs nombreux milliards de réals pour les entreprises qui les construisent (naturellement), quelques milliers de mégawatts d’électricité pour alimenter des processus industriels polluants, dévastateurs, auxiliaires des systèmes de production et de consommation du capitalisme central ? Quand un Congrès dominé par une majorité de grands propriétaires terriens de plus en plus insolents, soutenu par un bureau du procureur général et un ministère de la Justice férocement anti-indigènes, tente à tout prix de faire passer des amendements et autres pièges juridiques qui mettent en pièces tout simplement la Constitution fédérale, en annulant les articles qui reconnaissent, pour la première fois de notre histoire, des droits collectifs aux peuples indigènes ? (Le Réveil…, p. 14-15)

Le premier article d’Ailton Krenak publié dans ce recueil : « L’Union des nations indigènes »[5], date de juin 1984. Si je ne me trompe pas, son auteur est alors âgé de 31 ans. Il faut rappeler le contexte dans lequel il écrit. En 1964, les militaires brésiliens prennent le pouvoir, soutenus par les grands propriétaires terriens, la bourgeoisie industrielle et une partie de l’église catholique. Suit un régime de dictature. En 1967 est créée la Funai (Fundação Nacional do Índio), institution responsable des affaires indigènes souvent critiquée pour sa collaboration avec les grands propriétaires fonciers qui veulent étendre leurs domaines au détriment des indigènes, précisément. En 1978 est promulgué le « décret de l’émancipation de l’Indien » qui vise à intégrer les peuples indigènes à la société brésilienne : ce qui revient, à terme, à leur complète assimilation et donc à la disparition de leurs droits territoriaux et culturels. L’Union des peuples indigènes (UNI) est créée en 1981 comme organisation de résistance à cette politique – qui n’est autre que la poursuite du colonialisme de peuplement dont on sait qu’il passe, partout et toujours, par l’extermination des indigènes[6]. « Je ne peux pas m’imaginer, dit Ailton Krenak, vivre passivement face à ces crimes que nous voyons se répéter sans fin : assassinats, invasions de villages, répression armée. » Et c’est pourquoi il est engagé de toutes ses forces pour l’Union des nations indigènes (cet engagement est « toute sa vie », dit-il.) Le travail de l’UNI , poursuit-il, est d’obtenir une véritable reconnaissance des peuples indigènes :

Dans la mesure où la représentation [politique] traditionnelle, qui a toujours été exercée par des élites régionales, est remplacée par des personnes qui représentent, non pas les intérêts d’un groupe, mais les attentes d’une nation, nous commençons à nous acheminer vers la fondation d’une identité nationale. Identité qui ne sera légitime que si elle part de la reconnaissance des identités particulières des différents groupes. C’est seulement à ce moment-là que la question indigène cessera d’être un problème de minorité. […] traiter la question indigène comme un problème de minorité, c’est la contraindre à rester bloquée dans une voie sans issue. Tant qu’il ne sera pas reconnu que le Brésil est une nation composée de nombreuses races et de nombreuses cultures et qu’il nous faut coexister avec ces différences et non pas essayer d’agglomérer la culture de tous à la manière du réseau de la Globo [principal réseau de télévision brésilien], les conflits continueront. (p. 28-29)

Évidemment, ce genre de discours demeure peu audible dans un monde dominé par les États-nations, et particulièrement en France, qui représente en quelque sorte le paradigme de la « grande nation », celle qui s’est constituée en écrasant toutes les différences, depuis la croisade des Albigeois jusqu’à l’instauration de la République « une et indivisible », en passant par la création de l’Académie française au XVIIe siècle puis la chasse aux « patois » décrétée sous la Révolution (parce que foncièrement contre-révolutionnaires, selon l’abbé Grégoire, entre autres éradicateurs des langues régionales), poursuivie par les « hussards noirs » de l’école laïque et obligatoire et exportée aux colonies par la IIIe République… c’est pourquoi il n’est probablement pas inutile d’écouter encore Viveiros de Castro sur le même sujet :

Je ne m’intéresse pas […] à la « question indigène », qui est le nom du problème que représente pour la classe et l’ethnie dominantes du [Brésil] l’existence passée, présente et future des peuples indigènes. […] Disons que ce qui m’intéresse ce ne sont pas les Indiens comme faisant partie du Brésil, mais les Indiens tout simplement ; pour moi, si une chose fait partie d’une autre chose, c’est bien le « Brésil » qui fait partie du contexte des cultures indigènes, et pas le contraire. Parmi les questions indigènes on trouve bien sûr, et ce depuis 500 ans déjà, la « question des Blancs », c’est-à-dire le problème que constitue le « Brésil » pour les peuples indigènes qui y vivent[7]. [C’est moi qui souligne]

Eve Tuck et K. Wayne Yang, dans l’ouvrage déjà cité, parlent d’« incommensurabilité » entre les perspectives décoloniales des peuples autochtones et les « luttes variées pour la justice sociale fondées sur les droits humains et civiques » – autrement dit, issues du monde blanc. Et encore, ceux qui mènent ces dernières ne sont-ils probablement pas les pires parmi les colonisateurs…

L’incommensurabilité, écrivent-ielle, c’est la reconnaissance que la décolonisation nécessite de changer l’ordre du monde. Cela ne veut pas dire que les peuples autochtones ou noirs ou de couleur devront prendre des positions de domination par rapport aux colons blancs ; le but n’est pas d’échanger les rôles dans la triade coloniale et de repartir pour un tour de manège. Le but est de briser l’implacable structuration de la triade – trouver le point de rupture et non de compromis. (La décolonisation…,p. 79)

En 1984, Ailton Krenak se bagarrait, entre autres, contre le nouveau Code civil brésilien, sur le point d’être voté, et qui définissait l’Indien « comme un incapable absolu ». Et cela alors même que le statut des indigènes au Brésil était déjà régi depuis 1973 par l’Estatuto do Índio, le « Statut de l’Indien », qui reprenait les termes du Code civil de 1916 :

Les personnes indigènes étant « relativement incapables », leur relation avec l’État est régie par un organisme intermédiaire (la Funai), jusqu’à leur pleine « intégration » à la société brésilienne, c’est-à-dire, jusqu’à ce qu’elles ne fassent plus partie de « communautés isolées ».

Incommensurabilité de l’état civil avec toute forme de « communauté isolée », lire : extérieure à lui… Trois ans plus tard, en 1987, durant le processus de démocratisation du régime qui s’était ouvert à la fin de la dictature militaire, le Congrès brésilien, élu en 1986, se formait en Assemblée constituante. Des représentants indigènes participaient aux débats au sein de la sous-commission « des Noirs, populations indigènes, personnes handicapées et minorités ». Cette seule dénomination montre bien jusqu’où ne voulaient pas aller les Constituants… C’est bien pourquoi Krenak, lors de la brève allocution[8] qu’il tint devant eux le 4 septembre 1987, se montre partagé :

Les travaux qui ont été réalisés pour écrire le premier projet de Constitution ont permis de mettre en lumière la stupidité et l’obscurantisme dans lesquels s’inscrit la relation historique entre l’État et les besoins des indigènes. De ce point de vue, il y a eu une avancée, au sens de l’élargissement d’une perspective d’avenir pour le peuple indigène.

Mais. L’orateur proteste ensuite contre les attaques dont font l’objet les représentants indigènes et leurs interlocuteurs. Puis, afin de bien marquer son scepticisme et son inquiétude par rapport à ce début d’évolution institutionnelle, il joint le geste à la parole et commence, tout en poursuivant son discours, à se recouvrir le visage d’une pâte noire dans un geste qui évoque certains rites funéraires indigènes qui utilisent le fuit du genipa[9]. Et voici ce qu’il dit en même temps :

Messieurs, vous savez que le peuple indigène est très loin de pouvoir influencer la direction que vous allez prendre et qui offrira un nouveau destin au Brésil. Bien au contraire. Nous sommes peut-être la part la plus fragile dans ce processus de lutte d’intérêts qui s’exprime de manière brutale, irrespectueuse et contraire à l’éthique. J’espère ne pas porter préjudice, avec cette déclaration, au protocole de cette assemblée. Mais je crois que vous ne pouvez pas rester indifférents. Vous ne pourrez plus rester étrangers à une nouvelle attaque provoquée par les pouvoirs économiques, par l’appât du gain, par l’ignorance de ce que signifie être un peuple indigène.

Nous connaissons la suite : comme disait une ritournelle des années 1970, « Non, non, rien n’a changé, tout, tout a continué »… Mais si la « férocité blanche[10] » n’a pas changé, la détermination des peuples indigènes, elle, s’est plutôt raffermie – et organisée. Après la constitution de l’Union des peuples indigènes, a eu lieu celle de l’Alliance des peuples de la forêt. Longtemps, explique Ailton Krenak, « nous [les indigènes] avons été le seul peuple de la forêt ». Puis, au cours de la colonisation, d’autres peuples sont arrivés et « ont construit une économie et même une culture liée à l’exploitation du latex qui fait partie des ressources de la forêt ».

Les seringueiros [ouvriers-récoltants du latex] ont été incités à s’installer en Amazonie à partir du XIXe siècle, pour l’occuper et ils considéraient, à leur arrivée, les peuples indigènes comme des êtres étranges. Ils se sont battus contre nous et, à de nombreuses reprises, ils se sont mis au service de leurs patrons, les seringalistas, pour « libérer » ces régions des indigènes et réduire nos tribus à l’esclavage. Ces seringueiros n’ont pas réussi à s’imposer comme des colonisateurs de l’Amazonie, ils ont été humanisés par la forêt, la forêt a humanisé ces gens, ils ont appris à vivre avec le peuple indigène, ils se sont inspirés de leurs habitudes et de leurs coutumes durant une longue période. Et aujourd’hui[11] nous pouvons dire que les seringueiros ont une culture qui les différencie, par exemple, des travailleurs ruraux sans terre et qui les différencie des autres colons. Ce ne sont pas des colons, ils ont élaboré un mode de vie qui les rapproche beaucoup plus des Indiens que de tout autre partie de la population brésilienne. Et c’est cela qui fait des seringueiros les principaux alliés du peuple indigène dans la défense de la forêt et des pratiques traditionnelles qu’elle abrite. Le peuple indigène a toujours défendu la forêt. Les alliés les plus récents des peuples indigènes sont les seringueiros. (Le Réveil…, p. 50)

À l’évidence, la création de l’Alliance est un tournant stratégique à la signification profonde et enthousiasmante. En effet, on aurait pu imaginer qu’après ce que leur ont fait subir les Blancs – y compris les seringueiros, « petits Blancs » eux-mêmes exploités par les seringalistas – depuis cinq siècles, les indigènes refusent tout contact – encore plus toute alliance – avec qui que ce soit de « non-Indien ». C’est précisément ce qui différencie des peuples habitués à vivre avec les autres – avec l’Autre, aurait dit un Blanc – des peuples colonisateurs éradicateurs des moindres différences, que ce soit du point de vue humain – racisme contre tout ce qui n’est pas blanc – ou économique : la plantation partout et toujours identique à elle-même[12] contre l’infinie diversité de la forêt. Sauf que ces indigènes semblent pratiquer une sorte de matérialisme historique « sauvage[13] » : ils s’en tiennent aux conditions réelles de la vie, observant comment certains ennemis d’hier ont dû s’adapter à celles de l’Amazonie…

Dans Futur ancestral, Ailton Krenak introduit deux termes importants pour comprendre la stratégie des peuples de la forêt : la « florestania » et les « alliances affectives ».

Le terme citoyenneté est bien connu : il figure dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans de très nombreuses constitutions dans le monde. Il fait partie du répertoire, disons, blanc du droit. Le mot florestania, lui, est né dans un contexte régional, à un moment où la lutte sociale menée par des personnes qui vivaient dans la forêt amazonienne était très active. Quand Chico Mendes[14] et d’autres seringueiros ont commencé à se réunir avec des indigènes, ensemble ils ont compris que ce pourquoi ils luttaient ne devait pas être confondu avec la citoyenneté – il s’agissait de revendiquer des droits nouveaux dont ils devaient inventer le champ (après tout, le droit naît de la volonté d’une communauté à anticiper la compréhension que quelque chose devrait être considéré comme un droit, mais ne l’est pas encore). […]

La florestania ne peut pas être une franchise, si nous voulons provoquer une profonde remise en question par la force d’une insurrection, nous ne pouvons pas devenir prisonniers des mouvements que nous créons. C’est pourquoi nous nous sommes demandés jusqu’où nous pourrions aller avec l’Alliance des peuples de la forêt : devenir un syndicat ? un parti ? Les alliances politiques nous contraignent à des formes d’égalité qui peuvent elles-mêmes devenir oppressives, même celles qui admettent l’existence de la diversité.

L’expérience de cet engagement profond dans l’Alliance a duré plus de vingt ans, jusqu’à ce que je commence à remettre en question cette recherche constante de la confirmation de l’égalité [igualdade] et que je comprenne pour la première fois le concept d’alliances affectives – qui présuppose le partage d’affects entre des mondes qui ne sont pas semblables [iguais]. Ce mouvement ne revendique pas l’égalité, au contraire, il reconnaît une altérité intrinsèque en chaque personne, en chaque être, il introduit à l’inégalité radicale devant laquelle nous sentons que nous devons nous arrêter – un peu comme nous sentons que nous devons enlever nos chaussures avant d’entrer chez notre hôte[15].

Comme je le disais au début de cette triple recension, il serait bien difficile de rapporter ici tout ce qui m’a plu dans ce recueil comme dans les deux autres dont j’ai déjà traité. J’ai essayé de me concentrer sur ce qui me paraît essentiel, mais ce faisant, je laisse échapper pas mal d’autres choses. Par exemple, ce très beau texte autobiographique intitulé « Le fleuve de la mémoire », dans lequel Ailton Krenak parle de son enfance, puis du cours de sa vie et de celle de sa famille, et qui nous fait comprendre très simplement comment il en est arrivé à son engagement avec les peuples indigènes. Ou bien ce reportage de Daniela Hart sur le « festival des danses indigènes » qu’il a créé en 1998. Et encore d’autres. J’espère que ces petites recensions vous auront donné envie d’en savoir plus. Je pense que ça en vaut la peine. Pour terminer, je reprendrai quelques mots de Jean Tible (dans Lundi soir du 20 mai dernier) :

Dans les Amériques, quel est le secteur qui est vraiment anticapitaliste ou a le discours et les pratiques anticapitalistes les plus, en même temps, solides, et même explicites : contre la propriété privée, contre l’expansion du capital, etc. ? Ce sont les peuples indigènes, les peuples autochtones […] Et là c’est intéressant, la confrontation avec la façon dont le décolonial est lu ou est travaillé ou même existe ici [en Europe], parce que le devenir-indigène est une multiplicité non-identitaire […]

Comprendre cela, et y participer depuis la France par exemple, cela réclame, selon Jean Tible, « un exercice de traduction très poussé, et donc une transformation un peu personnelle et collective ». La lecture de Krenak (comme celle de Davi Kopenawa) peut y contribuer. C’est pourquoi elle me semble indispensable.

Jeudi 29 mai 2025, franz himmelbauer pour Antiopées.


[1] Voir mes recensions ici et .

[2] Ces trois livres d’Ailton Krenak viennent d’être publiés par les éditions Dehors (sauf Idées pour retarder la fin du monde, qui est une réimpression – première édition Dehors 2020).

[3] Eve Tuck et K. Wayne Yang, La décolonisation n’est pas une métaphore, éd. Ròt-Bò-Krik, Sète, 2022.

[4] Lula avait été élu pour la première fois en 2002. J’avoue que je suis tombé des nues en lisant cette préface. À l’époque où elle a été écrite – et jusqu’à aujourd’hui, je m’étais imaginé que « Lula », comme on disait alors, avait mené une politique favorable aux indigènes, à la forêt, etc. Ça m’apprendra à mieux m’informer…

[5] Pages 25 à 31. Sur la traduction du portugais (brésilien) indígena par « indigène », et non « autochtone », voir la note 1 du premier article de cette trilogie : « Nous avons toujours été en guerre ».

[6] Soit une guerre continuée avec des phases de plus ou moins haute intensité selon que l’« assimilation » ou les massacres prennent le dessus – comme on le voit encore à Gaza et en Cisjordanie.

[7] Eduardo Viveiros de Castro, « Ce qui m’intéresse ce sont les questions indigènes – au pluriel », in Le Regard du Jaguar, éd. La Tempête, p. 57-67 (ici p. 57). Le Regard du jaguar est un recueil d’entretiens de Viveiros de Castro publié en 2021 – et réédité au format poche en 2023 – par les excellentes éditions de La Tempête. « Quelle est le point de vue des Indiens sur la question du point de vue ? Comment repenser la métaphysique depuis le regard du jaguar ? […] Ce recueil […] nous introduit à une pensée neuve : le perspectivisme amérindien. » (Extrait de la présentation de l’éditeur.)

[8] « Discours à l’Assemblée nationale constituante », Le Réveil…, p. 33-36.

[9] Ce qui donnera une photo devenue assez célèbre, et republiée dans les premières pages du Réveil… : on y voit un jeune homme à la belle chevelure noire, debout à une tribune, vêtu d’un impeccable costume blanc et le visage couvert, jusque sous les yeux, d’une matière tout aussi noire que ses cheveux…

[10] Rosa Amelia Plumelle Uribe, La Férocité blanche. Des non-Blancs aux non-Aryens, génocides occultés, de 1492 à nos jours, éd. Albin-Michel, 2001.

[11] Cet entretien, « L’Alliance des peuples de la forêt », a été publié par Povos indígenas no Brasil le 10 mai 1989.

[12] Si bien que dans la discussion autour de la question de la nomination de notre ère, inaugurée par la proposition de l’Anthropocène, Anna Tsing, Donna Haraway et d’autres ont pu proposer, plutôt que le Capitalocène cher aux tenants de la lutte des classes (tel Andreas Malm), le Plantationocène.

[13] Pour reprendre le qualificatif attribué à Marx, puis à la politique dans les titres de ses ouvrages par Jean Tible, récemment invité d’un Lundi soir et dont je recommande vivement le Politique sauvage qui vient de paraître en français aux éditions Terre de feu. Il est également l’auteur d’un Marx selvagem encore non traduit en français. Je note au passage que l’étymologie forestière de « sauvage » apparaît encore mieux en portugais : selvagem est resté plus proche de silva : la forêt en latin.

[14] Leader des seringueiros – l’une des parties prenantes de l’Alliance des peuples de la forêt –, Chico Mendes fut assassiné en 1988 à l’initiative et sur ordre des grands propriétaires fonciers.

[15] « Alliances affectives », in Futur ancestral, p. 57-58.

Ce contenu a été publié dans Anthropologie, Essais, Notes de lecture, Philosophie, Politique, Résistances, avec comme mot(s)-clé(s) , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Florestania

  1. Steka dit :

    Bonjour,
    Nous aimerions pouvoir relayer cette recension de « Le Réveil des peuples de la Terre », dont nous partageons pleinement l’approche, sur notre site :
    https://ecologiesocialeetcommunalisme.org/
    Le site d’origine étant, bien sûr, toujours signalé.
    Dans l’attente de votre réponse,
    Bien cordialement,
    Steka pour l’Atelier d’Écologie sociale et Communalisme

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *