Le foisonnement du confusionnisme

La deuxième édition du festival Les Foisonnantes aura lieu les 12 et 13 octobre prochains à Sisteron, dans les Alpes de haute Provence (04)

Le nom est bien trouvé – si je m’en réfère à mon dico préféré, les synonymes de « foisonnantes » sont : « abondantes, riches, florissantes, prospères ». Ce que l’on préfère évidemment à ses contraires : « pauvres, minces, maigres, misérables, insuffisantes, réduites ». Cela ne souffre pas la discussion. On pourrait objecter cependant qu’il faudrait savoir ce que qualifie cet adjectif substantivé pour la circonstance : les journées de ce « festival » (foisonnantes d’idées, de propositions, d’initiatives…) ? les personnes qui l’organisent (idem) ? celles qui y participent ?

En fait, « sous une affiche au ton “alternatif-écolo” et un joli site internet coloré se cache un foisonnement d’idées et de personnages confusionnistes et conspirationnistes aux accointances sérieuses avec l’extrême droite », alertait l’an passé, à l’annonce de la première édition de rencontres qui se présentaient comme « évolutionnaires » – oui, typo, sans r ! – un « collectif de militant·e·s du 04 engagé·e·s dans les luttes antifascistes »[1]. Je ne suis pas entièrement d’accord avec mes camarades : comme vous pourrez en juger par vous-mêmes, le site n’est pas « joli », il est kitsch.

Curieusement, ses concepteurices ont placé sur toutes ses pages, accompagnés de buissons fleuris assez gnan-gnan, des personnages ailés qui rappelleront immanquablement, à qui est tant soit peu familier des mythologies grecque et romaine, les funestes Harpyes, divinités mi-femmes mi-oiseaux « de la dévastation et de la vengeance divine » – dixit Wikipédia, qui cite également ce passage de l’Énéide de Virgile[2] :

Leurs traits sont d’une vierge ; un instinct dévorant/ De leur rapace essaim conduit le vol errant ;/ Une horrible maigreur creuse leurs flancs avides,/ Qui, toujours s’emplissant, demeurant toujours vides,/ Surchargés d’aliments, sans en être nourris,/ En un fluide infect en rendent les débris,/ Et de l’écoulement de cette lie impure/ Empoisonnent les airs, et souillent la verdure.

Ça ne donne pas envie… Mais bon, ce n’était certainement pas l’intention des initiatrices des Foisonnantes que de se référer à ces dégoutants personnages. Je digresse, là. Quoique… peut-être pas tant que ça. Voyons ce que nous disaient les camarades antifas dans leur texte de l’an passé :

Les Foisonnantes nous donnent un très bon exemple d’une des formes que peut prendre le confusionnisme. Derrière une multitude d’ateliers bien-être et de spectacles, sont proposées des réflexions politiques sur la santé, l’instruction et l’économie soi-disant pour un autre monde mais qui font intervenir en grande majorité des personnalités réactionnaires et proches de l’extrême droite. Ces intervenant·e·s portent en général un discours confus empreint d’ésotérisme et proposant des solutions individualistes, iels mêlent à leurs paroles des éléments de langage et des références de gauche qui participent à brouiller leur appartenance politique lorsqu’iels font la promotion d’idées conservatrices, antisémites, antiféministes, lgbtphobes, souverainistes et nationalistes.

Je crois pouvoir avancer que ce confusionnisme se traduit aussi (d’abord, puisque c’est ce que nous découvrons pour commencer en ouvrant leur site) dans leur esthétique – ce qui démontre une fois de plus que l’esthétique a quelque chose à voir avec la politique. Ce mélange de tradition mal régurgitée et de New Age, c’est déjà du confusionnisme. Ce qui foisonne là-dedans, ce sont des idées, des discours, des personnages douteux. Et des images, donc.

Quant à la proposition de cette année, elle semble un peu plus modeste que l’an passé : moins de thèmes, deux jours au lieu de trois, pour un peu moins d’intervenant·e·s annoncé·e·s (17 contre 19). Le lieu a changé : Les Foisonnantes sont désormais accueillies à Sisteron. À l’attention de celles et ceux qui ignoreraient, peuchère, les arcanes de la géopolitique bas-alpine, il faut souligner que cette bourgade est le fief d’un cacique de la droite locale : Daniel Spagnou, l’inamovible maire – il occupe cette fonction depuis 1989. L’an passé, le festival avait eu lieu aux Mées, bastion communiste s’il en est (avec des municipalités dirigées par les communistes depuis au moins 1971). Le maire s’était quelque peu ému en découvrant, un peu tard, les biographies de certains intervenants de la fachosphère et des milieux complotistes, lesquelles faisaient tache dans cette bourgade « rouge » qui leur avait sans barguigner ouvert plusieurs salles et espaces municipaux… Cette année, interpellé par des journalistes quant à la tenue des Foisonnantes, là encore, dans des locaux et lieux gérés par la mairie, l’édile de Sisteron a répondu « par voie de communiqué », rapporte le site de BFM DICI : « Domiciliée dans la commune depuis mars 2024, l’association Les Foisonnantes, dûment enregistrée en préfecture, est une association comme les autres et peut donc organiser des événements à condition, naturellement, que ces derniers ne troublent pas l’ordre public. » Et il confirme que les rencontres auront bien lieu « dans différents lieux du centre-ville [et] ont fait l’objet de demandes de locations et d’occupation du domaine public en bonne et due forme. » Demandes accordées, cela va sans dire.

Un peu moins… foisonnantes, si j’ose dire, sont aussi les thématiques de cette année, axées principalement autour des enfants, qui  sont, selon la page d’accueil du site, « les graines du monde nouveau dans lequel nous voulons vivre ». Va falloir vous dépêcher de grandir, hein, les mômes, parce que c’est pas tout ça, mais nous autres, on veut vivre dans un monde nouveau… « Alertez les bébés ! », chantait Jacques Higelin. Alors, qui sont les « jardiniers de la vie […], conscients des conditions de leur épanouissement [qui vont créer] l’humus [dont] la jeunesse [a] besoin pour croître et s’enraciner en humanité ? » Hein, qui donc ?

Hé bien, comme d’hab’ – enfin, pardon, comme l’an passé : un savant dosage de savants plus ou moins perchés égarés dans leurs cogitations quantiques (un terme très à la mode dans ces milieux, ils le mettent à toutes les sauces, comme le relève justement l’essayiste Thierry Jobard dans son livre Je crois donc je suis. Le grand bazar des croyances contemporaines[3]), de pédagogues qui veulent du bien à vos enfants et vendre leurs bouquins ou leurs « masterclass » – si, si, ça aussi c’est très couru, plus besoin de se déplacer, tout se passe par internet –, de thérapeutes de toute sorte, de maîtres de la « conscience », de théoriciens de l’univers, de l’esprit et de la permaculture… Bref, développement personnel et « zozotérisme » (joli néologisme inventé par Thierry Jobard), le tout mâtiné de yoga, d’hypothèses extraterrestres et d’exotismes à tendance orientaliste. On est dans la ouate.

Et puis, comme l’an passé également, quelques personnalités vraiment très impliquées dans les cercles complotistes et la fachosphère. Entre autres : Valérie Bugault[4], Étienne Chouard[5], Fabien Moine[6], Marie Grenet[7], Philippe Guillemant[8], Senta Depuydt[9], Sonia Delahaigue[10]. D’autres sont apparemment moins directement familiers de ces cercles, mais lorsque l’on va faire un tour sur leurs sites internet, après avoir passé leur premiers baratins plus ou moins foutraques – et leurs boutiques: ils ont tous quelque chose à vendre, des bouquins, des vidéos, des formations à distance ou sur site… –, et que l’on clique sur les liens vers des sites amis, il est bien rare que l’on ne retombe pas très vite sur des sites du style RéinfoCovid, du désormais bien identifié facho qui fâche : Louis Fouché. Ça réseaute dur chez ces gens-là.

Bon, si vous avez pris la peine de lire les notes ci-dessous (qui concernent quand même dix intervenant·e·s sur dix-sept), vous aurez pigé qu’il y a un problème. Ce qui justifie le titre du premier article (de BFM DICI) sorti cette année sur ces rencontres : « la deuxième édition du festival “les Foisonnantes” inquiète à Sisteron ». On a déjà rapporté plus haut la position (plutôt favorable) du maire. Mais que répondent (également à BFM DICI) les organisateurices à ces « inquiétudes » ?

On est totalement en dehors de la politisation des débats. Aujourd’hui, on veut rassurer le public et être le plus transparent possible. Ce qui est important pour nous ce n’est pas le messager, mais bien le message. Le festival a été créé pour redonner des outils de compréhension, pour élargir les débats et les consciences sans aucune discrimination ou censure de paroles. La parole des intervenants est libre et elle leur appartient. Nous sensibilisons les personnes au fait qu’il est important de se forger des idées en autonomie. Nous n’acceptons aucune dérive sectaire ou propos offensants. Nous n’avons aucune affinité avec des personnes qui affichent ouvertement leur appartenance avec des courants extrémistes de droite comme de gauche.

(C’est moi qui souligne.) Bizarre, bizarre, ça me rappelle quelque chose, on dirait du Macron dans le texte : ça commence par le ni-LFI-ni-RN et ça finit dans les bras de Marine…

Les Foisonnantes nous prennent vraiment pour des imbéciles. L’an passé, on aurait pu, avec un très gros effort de volonté, croire que les organisatrices étaient un peu naïves, qu’elles s’étaient fait avoir par l’entrisme de Fouché et des autres, sous couvert de belles paroles. Pourtant, quand on (les camarades cités plus haut) les avait informées – elles n’avaient pas voulu en démordre, se déclarant « agressées » par de méchants antifascistes dogmatiques. Mais on connaît l’adage : errare humanum est, perseverare diabolicum. C’est bien le cas ici.

Las, le confusionnisme a la vie dure. J’en veux pour preuve la présence d’un autre zozotérique, Charles-Maxence Layet, parmi les conférenciers de cette année. « Charles-Maxence Layet, dit sa présentation par Les Foisonnantes, est journaliste scientifique, conférencier et auteur de livres, d’articles et de documentaires spécialisés dans l’innovation, les alternatives, la cyberculture, les médecines douces, les nouvelles technologies de l’énergie et l’environnement électromagnétique. » Il est fondateur de la revue Orbs[11].

OVNI, Extraterrestres, Contactés ? Orbs Spécial Contact, le nouveau numéro thématique de la revue ORBS, propose un voyage collectif autour de ces questions qui nous intriguent. […] Hors norme, inclassable, intemporel, ce numéro de ORBS conjugue Art brut, Carl Gustav Jung, Rosswell, Ummites, Droit cosmique, Drones, Xénolinguistique, Nucléaire, Astrobiologie et Communications médiumniques… Attention « zone sensible » ! (Extrait de la présentation du n° dont la couv. figure ci-dessus sur la page d’accueil du site).

Layet présente sa revue comme « l’autre Planète » – jeu de mots pour parler d’une planète que nous croyions connaître mais qui resterait à découvrir tout en invoquant sa filiation avec une revue éponyme des années 1960 :  « revue bimestrielle française éditée entre 1961 et 1971 qui reprenait les différents thèmes abordés dans l’ouvrage de Jacques Bergier et Louis Pauwels, Le Matin des magiciens, et qui se présentait comme l’organe du mouvement du réalisme fantastique » (Wikipédia).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À propos de cette filiation, je recommande chaleureusement l’excellent papier de Pierre Lagrange dans la Revue du Crieur n°5 (accessible en ligne[12]) qui rappelle, entre autres, que Louis Pauwels s’est rapproché de la Nouvelle Droite (le Grece d’Alain de Benoist, caution intello de l’extrême droite) dans les années 1970 et qu’il a ensuite fondé et dirigé le Figaro Magazine, organe de combat idéologique de la droite et de son extrême avant l’ère Bolloré[13]. Extrait de l’article de Pierre Lagrange :

Le Matin des magiciens et la revue Planète ont contribué à construire une grille de lecture qui a influencé notre interprétation de certains événements, notamment à la suite d’attentats comme ceux du 11 Septembre, et qui a été reprise et étendue dans certains livres ou séries télévisées comme X-Files ou le Da Vinci Code. Nous sommes bien, à certains égards, les héritiers du monde construit par Le Matin des magiciens et Planète. Un monde où la critique ne s’exerce plus seulement du point de vue des savoirs scientifiques, considérés par beaucoup comme désormais trop dogmatiques, mais vers ces savoirs scientifiques.

Pour rire un peu, voici ce qu’en disaient des camarades de l’époque. Dans Internationale situationniste, no 7 – avril 1962, p. 46, on trouve cette forme de parodie d’encart publicitaire :

Si vous lisez « Planète » à haute voix vous sentirez mauvais de la bouche !

La revue du Matin des Magiciens. – Le contact avec des Intelligences dans le cosmos, et avec Pauwels ici-bas. – Teilhard de Chardin oui, oui, oui : l’essayer, c’est l’adopter ! – La monteras-tu la côte de l’évolution ? – La parole est aux marsouins; et à Pauwels. – Et s’il le faut, mutons ensemble ! – Le fantastique à tempérament. – Un nouveau beurre : Planta ! Une nouvelle pensée : Pauwels ! Une nouvelle élite : Planète ! – La revue magique qui enlève les rides et les points noirs des vieilles idées. – Vers la Nouvelle Renaissance de l’Algérie Française. C’est dès aujourd’hui que s’élabore la religion de nos enfants. – Planète, la galaxie vue en auvergnat. – Des Forces Inconnues au service de l’édition.

30.000 lecteurs ! 300 Nouveaux Lecteurs ![14]

 

Tout ça pourrait prêter à rire si cela ne s’inscrivait dans le contexte politique que vous savez… À suivre.

franz himmelbauer, le 15 septembre 2024

[1] Voir leur texte intégral sur le site Vallées en luttes : https://valleesenlutte.org/spip.php?article603

[2] Au chant III. Wikipédia cite la traduction de Jacques Delille (1738-1813), un peu vieillotte, certes, mais pas dénuée de charme.

[3] Aux éditions Rue de l’Échiquier, 2023 : p. 62, Thierry Jobard évoque, entre autres méthodes du « zozotérisme » (l’ésotérisme commercial façon post-New Age) « le recours sans vergogne à des termes ou à des théories scientifiques complexes. Champion toutes catégories : le mot “quantique”. Thérapies quantiques, médecine quantique, massage quantique, astrologie quantique et autres billevesées quantiques ont rempli bien des rayons de librairies. » Et pas que : l’un des conférenciers des Foisonnantes, déjà présent en 2023, propose régulièrement des « déambulations quantiques » à quelques centaines d’euros par personne… Au cas où ça vous intéresse: https://www.guillemant.net/ateliers/Estachon.htm

[4] Ancienne proche de François Asselineau, elle était coordinatrice de son parti l’UPR en 2014. Elle a participé plusieurs fois à la Fête du Pays Réel organisée par Civitas (organisation catholique intégriste d’extrême droite) et contribue au média soralien antisémite Égalité & Réconciliation dont elle est l’ex-numéro 2. Elle est également membre de l’association BonSens au côté d’autres figures d’extrême droite. Intervient dans le film Hold Up. Elle vient présenter cette année (elle avait déjà participé à la première édition) son projet « Révoludroit » : https://revoludroit.fr/reforme-des-institutions/, projet de réforme constitutionnelle qui vise à « préparer les fondations de ce qui sera le renouveau civilisationnel de la France » : société fondée sur la famille (père, mère, enfants), corps inaliénable (embryon compris), loi naturelle… Voir la « charte des valeurs » notamment.

[5] On trouvera une première (bonne) mise au point sur Chouard par ici : https://blogs.mediapart.fr/luttonscontrelefn/blog/290115/qui-est-vraiment-etienne-chouard. L’article souligne non seulement ses accointances coupables avec des personnalités de la fachosphère, mais aussi une citation où il défend le Front National comme n’étant pas d’extrême droite, et surtout une analyse de ses thématiques politiques qui trahissent une vision politique d’extrême droite. Autre référence sur le bonhomme : son entretien sur le plateau du Media avec Denis Robert et Mathias Enthoven qui l’interrogent sur ses complaisances avec l’extrême droite. https://www.lemediatv.fr/emissions/2019/cartes-sur-table-etienne-chouard-hbTjk3qkQzCgqNRO-EUfnQ Voir en particulier à partir de 40 mn, lorsque Denis Robert lui demande s’il a « un doute sur l’existence des chambres à gaz ». Chouard répond : « Mais j’y connais rien moi ! » Et quand ses interlocuteurs se montrent choqués par cette réponse, il invoque 1984 et la police de la pensée (dont il serait la victime, évidemment). Denis Robert lui reproche de donner dans le confusionnisme et de faire des ponts entre milieux de gauche et fachos sous couvert d’un discours « alternatif » – une bonne métonymie des Foisonnantes…

[6] Fabien Moine est « naturopathe hygiéniste ». Il a participé au collectif de Louis Fouché Ré-info Covid qui a sévi durant la pandémie en pratiquant une désinformation acharnée sur le Covid, le danger des masques et bien entendu de la vaccination. Il a fondé en 2019 une maison d’édition qui publie des livres et des documentaires, traitant principalement de naturopathie, de santé, mais aussi d’actualité internationale. Elle assure la promotion de personnages tels que Louis Fouché, Eric Raoult, et lui-même. Sa maison d’édition : Euvie ( https://exuvie.fr/) Fabien Moine a écrit plusieurs livres et réalisé un documentaire sur le jeûne qui est sa principale marotte. Une enquête diffusée sur RTL indique qu’il organise des stages de jeûne à plus de 800€ euros la semaine, type de pratique épinglé par la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires). Il assure également avec sa maison d’édition et ses chaînes Youtube et Odyssée, la promotion de la guérison de cancers « incurables, stade 4 » par la pratique du jeûne. Il côtoie et co-intervient régulièrement sur des médias ou avec des personnalités complotistes et elles-mêmes d’extrême droite. Il est par exemple promu par les médias d’extrême droite soraliens « Égalité et réconciliation » et « le média en 442 ». Il co-intervient avec la généticienne Henrion Caude, complotiste très active durant et depuis la pandémie, elle-même proche de l’extrême droite. Il affirme sur sa propre chaîne en cohérence qu’« il n’y a pas de vérités, il n’y a que des histoires ». Il se défend aussi dans une vidéo de ses nombreuses proximités avec des médias ou des personnalités d’extrême droite en prétendant qu’il ne fait pas de politique et qu’il est avant tout pour la liberté d’expression. Quelques liens (mais on peut facilement en trouver d’autres): Égalité et Réconciliation : Comprendre le Jeûne avec Fabien Moine https://egaliteetreconciliation.fr/Comprendre-le-jeune-avec-Fabien-Moine-67465.html

Le Media en 442 : Les documentaires de Fabien Moine (https://lemediaen442.fr/les-documentaires-de-fabien-moine-succes-public-difficultes-de-programmation/)

Chaîne Odyssée : Alexandra Henrion Caude (https://odysee.com/@FabienMoineExuvieTV:9/alexandra-henrion-caude-au-del%C3%A0-des:2)

Il est le réalisateur du film documentaire « Suspendus, des soignants entre deux mondes » (2022) qui est régulièrement projeté sur le territoire parfois avec lui-même et Louis Fouché, qui est avec sa femme un des principaux témoins du film. Le film propose en cohérence avec tout son discours une vision complotiste de la pandémie et des restrictions sanitaires.

[7] Voir https://www.kairospresse.be/interview-de-marie-grenet-porte-parole-du-collectif-de-sante-pediatrique-france/ Présentation de l’interview par Kairos : « Marie Grenet est pédiatre en France, porte-parole du collectif de santé pédiatrique, pensionnée avant l’heure car ne trouvant plus de sens à son métier dans le contexte covid. Elle nous explique pourquoi elle ne croit pas au narratif officiel sur la crise, le développement d’un enfant et les risques du masque pour celui-ci, les dangers de l’expérimentation en cours avec ce qu’ils appellent vaccins. » NB : le site Kairos dégage lui aussi une forte odeur de complotisme et d’idéologie facho (articles, entre autres, contre les orientations de l’éducation sexuelle à l’école, ou contre le bataillon Azov, non parce qu’ils sont fachos, mais parce qu’ils sont antirusses). Par ailleurs, leurs vidéos sont diffusées sur la chaîne odysee. La chaîne odysee, « lancée en septembre 2020 par le libertarien américain Jeremy Kauffman » (Wikipédia), est un site qui « attire les complotistes français », selon le magazine web Numerama, qui a publié un article très détaillé sur cette « plateforme de vidéos où le film complotiste Hold Up a été très partagé »… À lire ici : https://www.numerama.com/politique/665449-odysee-le-youtube-libre-qui-attire-les-complotistes-francais.html Et si vous n’êtes pas convaincu·e, tapez « chaîne odysee » dans votre moteur de recherche – les résultats sont édifiants. Sur DuckDuckGo (que je recommande, loin de Google et consorts), le premier résultat affiche, entre autres, un lien sur une série de vidéos d’Alan Soral. Autre lien : https://collectifdesantepediatrique.fr/ On y trouve un post sur une réunion du Conseil scientifique indépendant (organisation de la sphère antivax) avec Sonia Delahaigue (autre intervenante des Foisonnantes) et l’inévitable lien vers le site de Réinfo covid.

[8] Ce proche de Pierre Barnérias (réalisateur du documentaire Hold Up), ancien chercheur désavoué du CNRS, s’est converti au développement personnel et au conspirationnisme spécialisé dans les prophéties annonçant « une ère transhumaniste ». L’an passé, il avait réalisé une vidéo promotionnelle pour la première édition des Foisonnantes avec deux organisatrices. Il est le créateur, nous dit-on, de la théorie de la « double causalité »… Son blog https://doublecause.net est un bon exemple, me semble-t-il, de ce que l’on peut appeler confusionnisme. Essayez d’en lire quelques posts, vous comprendrez ce que je veux dire. On peut voir aussi sur https://www.youtube.com/watch?v=GavEJRcquYA un échange entre lui et Louis Fouché intitulé « Science et fictions : intrication quantique ». C’est lui qui vend (cher) ses « déambulations quantiques » (voir plus haut, note 3).

[9] La présentation des Foisonnantes devrait suffire à la situer : « Senta Depuydt est une journaliste et conférencière belge engagée dans la protection de la santé et les droits des enfants. Son parcours l’a menée à aborder des approches alternatives de l’autisme (Congrès sortir de l’autisme avec le Dr Soulier), à collaborer avec l’association Children’s Health Defense (présidée par Robert F. Kennedy Jr) et à dénoncer les dérives totalitaires sur l’enfance, notamment sur les questions de la vaccination et de l’éducation à la sexualité. Elle s’occupe actuellement du média en ligne Essentiel.news, et publie aussi dans des magazines santé, ainsi que sur La Lettre de Senta. » « Robert Francis Kennedy Jr., also known by his initials RFK Jr., is an American politician, environmental lawyer, anti-vaccine activist, and conspiracy theorist. » (Wikipedia) Candidat aux primaires républicaines, il s’est désisté au profit de Donald Trump, qui s’en est félicité en disant que « c’est un bon gars ». Et si on a encore des doutes sur la ligne politique de Mme Depuydt, on pourra aller voir la page d’accueil d’Essentiel.news ou le blog La lettre de Senta, où pas mal de posts font penser au complotisme de QAnon…

[10] Psychologue au centre Chrysalide. Autrice d’un livre aux éditions de Fabien Moine, Exuvie : Ils n’en sont pas morts, regard d’une psychologue sur la maltraitance invisible des enfants. Lorsque l’on tape son nom sur Internet, on tombe sur une séance du CSI, « Conseil scientifique indépendant » qui réunit des scientifiques, comme son nom l’indique, de la sphère antivax, comme son nom ne l’indique pas. Elle a aussi participé au « Rencontres d’Exuvie 2023 », où l’on retrouvait, entre autres, Louis Fouché, Fabien Moine, Vincent Pavan (président de Réinfo Liberté) – tous trois présents lors de la première édition des Foisonnantes en 2023. La plupart des membres du CSI ont appelé à voter Le Pen au second tour de l’élection présidentielle en 2022 (https://x.com/antifouchiste/status/1514901184380817409).

[11] Voir comment il la présente lui-même ici : https://www.youtube.com/watch?v=1QgFJYCpxek.

[12] https://shs.cairn.info/revue-du-crieur-2016-3-page-120?lang=fr

[13] Le rôle du Figaro Magazine et son impact sur la politique française dans les années 1980-1990 est peut-être un peu oublié aujourd’hui, mais il faut souligner qu’il fut vraiment très important dans le processus de lepenisation des esprits. Pour mémoire, on se contentera de rappeler ici une seule Une, celle du 26 octobre 1985, qui affichait en gros plan le « portrait » d’une Marianne voilée, avec le titre : « Serons-nous encore français dans 30 ans ? » L’année précédente avait vu la réémergence de l’extrême droite sur le plan électoral, la première depuis l’Occupation, avec le FN de Jean-Marie Le Pen obtenant 17% des votes au premier tour de l’élection municipale de Dreux après une campagne entièrement consacrée à la haine anti-immigrés, puis 10,95% des suffrages exprimés aux élections européennes (soit 2,2 millions de voix), envoyant dix députés à Strasbourg et manquant de peu de dépasser le score du PCF (11,2%)… Dans ce contexte, le Fig-Mag, comme on disait alors, n’hésitait pas à renouer avec les pires tradition racistes et xénophobes de la droite française. Louis Pauwels, qui l’avait fondé en 1978, l’avait déjà quitté (en 1993), mais il y avait imprimé sa marque. Un seul exemple parmi tant d’autres : il avait dans un article de 1986 (6 décembre) qualifié les étudiants manifestant contre le projet de loi Devaquet sur la sélection à l’entrée à l’université de « jeunesse atteinte de sida mental ». (On se souviendra au passage que c’est en marge de ces manifestations que les ancêtres de la Brav-M, alors appelés « voltigeurs motocyclistes », avaient assassiné Malik Oussekine, la nuit du 5 au 6 décembre, dans un hall d’immeuble de la rue Monsieur-le-Prince, ce qui avait entraîné la dissolution de l’unité, ressuscitée tout récemment par un sinistre de l’intérieur macronien.)

[14] Je ne prétends pas capter vraiment toutes les allusions contenues dans ce petit texte dont chaque mot est pesé, me semble-t-il. Il me faudrait plus de temps et de connaissances sur l’époque. Mais tout de même, notons « le contact avec les Intelligences du Cosmos », que certain·e·s des participant·e·s aux Foisonnantes revendiquent sans rire… (Là-dessus, je ne peux que vous recommander la lecture du très bon roman de Wu Ming, OVNI 78, paru cette année chez les camarades de Libertalia, traduit et postfacé par un autre camarade, Serge Quadruppani. Il donne à la fois à penser et à rire, ce qui n’est pas si fréquent pour un polar.) Teilhard de Chardin : j’ai trouvé des références à la pensée de ce prêtre jésuite dans les interventions de conférenciers des Foisonnantes, par exemple une interview de Jacques Besson, psy suisse, par la chaîne youtube d’Antithèse, un site qui réalise de longs entretiens avec diverses personnalités, dont, aussi, pas mal de complotistes… Voici un extrait de la bio de Teilhard de Chardin sur Wikipédia : « Dans Le Phénomène humain, il trace une histoire de l’Univers, depuis la pré-vie jusqu’à la Terre finale, en intégrant les connaissances de son époque, notamment en mécanique quantique et en thermodynamique. Il ajoute aux deux axes vers l’infiniment petit et l’infiniment grand la flèche d’un temps interne, celui de la complexité en organisation croissante, et constate l’émergence de la spiritualité humaine à son plus haut degré d’organisation, celle du système nerveux humain : pour Teilhard, matière et esprit sont deux faces d’une même réalité. » Sans prétendre critiquer ou analyser l’œuvre de ce prêtre, je me contente de remarquer qu’il y a là une excellente base pour le baratin zozotérique… Ensuite, je crois comprendre que les situs disent que la pensée de Pauwels est à la pensée ce que Planta (marque de margarine, peut-être nouvelle à l’époque) est au beurre… un ersatz, en quelque sorte. « La Nouvelle renaissance de l’Algérie française » : Pauwels avait signé le « Manifeste des intellectuels français pour la résistance à l’abandon », qui s’opposait au Manifeste des 121 titré : « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie ». Enfin, « la religion de nos enfants » résonne curieusement avec le thème des Foisonnantes de cette année, puis qu’il y sera beaucoup question d’éducation et de spiritualité…

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